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Intervention de Didier Bollecker

Réunion du 14 septembre 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Didier Bollecker, président de l'Association française des automobilistes, Automobile Club :

S'agissant du bridage des véhicules, je vous répondrai de façon quelque peu provocatrice : les seuls véhicules bridés commercialisés en Europe sont les véhicules allemands haut de gamme des marques BMW, Mercedes et Audi, mais ils sont bridés à 250 kmheure. En revanche, aucun véhicule français n'est bridé. Cette boutade mise à part, le fait de brider les véhicules à 150 kmheure ne serait pas une solution, même si techniquement elle est simplissime, car la majorité des accidents se produisent sur les routes nationales et les routes secondaires, là où la vitesse est limitée à 90 ou à 110 kmheure. Le bridage ne pourrait être efficace que pour les véhicules circulant sur l'autoroute.

Par ailleurs, on ne peut créer deux catégories de véhicules. Or le bridage des moteurs n'est envisageable que sur les véhicules nouveaux – sur les véhicules anciens, il faudrait brider la course de l'accélérateur, donc la puissance et la faculté de dépassement, qui est un gage de sécurité. Compte tenu de l'état du parc français, dont l'âge moyen est de huit ans – ce qui signifie que certains véhicules ont un an mais que d'autres en ont seize –, le délai nécessaire pour équiper l'ensemble des véhicules serait de seize ans, ce qui est considérable.

La troisième raison pour laquelle je suis défavorable au bridage des moteurs, c'est qu'il m'arrive de rouler en Allemagne à plus de 130 kmheure. Je ne sais pas si c'est une bonne chose, mais j'en ai le droit. Il n'est pas envisageable de dire aux conducteurs que leur véhicule ne leur servira à rien à l'étranger. En outre, quelle devra être notre attitude vis-à-vis des véhicules étrangers qui, eux, ne seront pas bridés ? Or je viens d'entendre vos précédents intervenants indiquer que 24 % des infractions d'excès de vitesse concernent des véhicules étrangers. Pour toutes ces raisons, le bridage me paraît une fausse bonne idée.

Là encore, on veut suppléer à un défaut de formation – j'entends par formation la responsabilisation, voire le civisme des conducteurs. Allons-nous continuer à réprimer et à limiter ou allons-nous enfin nous engager dans la responsabilisation et la formation, comme le souhaite l'Automobile Club ?

Les aides électroniques qu'il conviendrait d'élargir à tous les véhicules sont nombreuses. On peut citer l'indicateur de franchissement de ligne continue, l'éthylomètre, le régulateur de distance. Quant au régulateur de vitesse, c'est un outil intéressant, mais le conducteur qui, sur l'autoroute, active son régulateur de vitesse en le fixant à 130 kmheure – en général, en dépassant légèrement cette vitesse – se laisse conduire par le véhicule. En ce qui me concerne, je n'utilise jamais le régulateur de vitesse sur autoroute car je le considère comme un facteur considérable d'endormissement, particulièrement la nuit lorsque la circulation est faible. La voiture roule toute seule. C'est très dangereux !

Le régulateur de distance, quant à lui, est un radar à effet doppler qui permet, en particulier sur l'autoroute, de maintenir une certaine distance – par exemple 75 mètres – entre votre véhicule et celui qui vous précède. Si ce véhicule accélère au-delà de 130, le vôtre restera à cette vitesse, mais s'il ralentit, votre véhicule ralentira pour conserver cette distance de 75 mètres. Il se trouve que mon véhicule est équipé de ce dispositif. Je l'ai testé cet été en Suisse, où les contrôles sont très fréquents. Il se trouve qu'un ralentissement brutal s'est produit, et la voiture a réagi avant moi. Le régulateur de distance est un dispositif très intéressant qui devrait être obligatoirement associé au régulateur de vitesse.

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