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Intervention de François de Rugy

Réunion du 17 juin 2008 à 15h00
Réforme portuaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Malheureusement, le déclin de la flotte française et un certain décrochage des ports français par rapport à d'autres ports européens sont les deux manifestations les plus visibles du désintérêt des gouvernements français pour la question maritime en général, et pour la politique portuaire en particulier.

Je ne rappellerai pas les propos méprisants à l'encontre des Bretons que l'actuel Président de la République avait tenus, durant la campagne présidentielle, lors de la visite d'une installation de surveillance des côtes et du trafic maritime. Cela en disait déjà long sur son état d'esprit à l'égard des professionnels de la mer et de la politique maritime.

Plus grave à nos yeux est l'absence, une nouvelle fois, d'un véritable ministère de la mer et des affaires maritimes dans le gouvernement actuel, pourtant plusieurs fois remanié – peut-être ce titre vous serait-il revenu, monsieur le secrétaire d'État. Il n'y a pas eu d'affichage de cette nature, qui aurait concrétisé un début de volonté politique.

Élu d'un département qui porte l'appellation « atlantique » dans son nom – la Loire-Atlantique –, je ne peux faire que ce triste constat : l'État a trop tendance à tourner le dos à sa façade maritime, qui est pourtant une source de richesses inestimable, laquelle, je suis d'accord avec Michel Delebarre, va bien au-delà d'un indéniable potentiel touristique. Encore faut-il avoir une vision claire de son avenir et proposer une gestion durable.

En tant qu'écologiste, je me suis toujours battu pour le développement du transport maritime qui, s'il est sûr et contrôlé – c'est important de le préciser –, est sans aucun doute le mode de transport le plus écologique, dans la mesure où il est celui qui consomme le moins d'énergie. Il représente aujourd'hui les trois quarts, voire 80 % du volume des échanges internationaux de marchandises et connaît une forte progression, de 4 % par an en moyenne, depuis dix ans. C'est un secteur en pleine expansion, et pourtant les ports français n'en tirent pas tout le profit qu'ils pourraient en tirer. On peut même dire, hélas, qu'ils restent à la traîne de leurs voisins européens : dans le classement mondial des ports, Rotterdam se situe en troisième position et Anvers en quinzième, alors que Marseille n'est qu'à la vingt-quatrième place et Le Havre à la trente-neuvième.

La France jouit pourtant d'un avantage inégalé en Europe, puisqu'elle possède trois façades maritimes : l'Atlantique, la mer du Nord et la Méditerranée, ce qui devrait en toute logique lui permettre d'être l'une des principales portes d'entrée pour les marchandises à destination de l'Europe continentale.

Dans la mesure où le cadre juridique date de 1965, il est logique qu'il y ait une réforme de l'organisation des ports français : c'était sans doute nécessaire. Ce constat est d'ailleurs largement partagé. Un rapport de la Cour des comptes sur les ports français identifiait en 2006 deux problèmes principaux : la sous-performance industrielle des terminaux à conteneurs et le défaut d'insertion des ports dans les chaînes de transport et les chaînes logistiques terrestres.

S'agissant de la conteneurisation, sans doute les ports français ont-ils tardé à s'y mettre. Certes, il y a eu des évolutions, notamment au Havre ; le problème, c'est qu'ailleurs on persévère dans l'erreur. Étant élu nantais, cela ne vous étonnera pas que je cite l'exemple du port autonome de Nantes-Saint-Nazaire, où l'État continue, envers et contre tout, à vouloir faire une extension pour le vrac, alors que chacun sait que ce n'est pas là que sont les marchés et les activités de demain.

C'est le projet dit de Donges-Est, récemment remis en cause par l'Europe et maintes fois attaqué par des associations de protection de l'environnement. Il est de plus en plus désavoué par les principales collectivités locales. Je vous demande solennellement, monsieur le secrétaire d'État, de nous dire si, oui ou non, le Gouvernement est enfin prêt à arrêter ce projet inutile et à réorienter les investissements de l'État vers des projets plus utiles pour le transport maritime en général et le port de Nantes-Saint-Nazaire en particulier.

J'en profite pour vous demander si le Gouvernement s'engage – enfin ! – clairement et fortement en faveur du projet d'autoroute de la mer entre le port de Nantes-Saint-Nazaire – à Montoir précisément – et Bilbao en Espagne. Il n'est pas normal qu'il soit freiné par les gouvernements successifs – je me souviens des propos de M. Estrosi, alors ministre délégué à l'aménagement du territoire, qui avait dit que la France ne considérait pas ce projet comme prioritaire –...

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