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Intervention de René Dosière

Réunion du 30 juin 2011 à 10h30
Fonctionnement des institutions de la polynésie française — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené Dosière :

Quant aux autres aspects, nous verrons bien.

Je rappelle qu'à l'époque, le mode de scrutin avait permis à Gaston Tong Sang d'arriver en tête, mais il se trouve que le président élu fut Gaston Flosse… Il avait pourtant perdu les élections, mais il y avait eu des alliances de circonstance. Il est vrai que sa présidence n'a duré que deux mois, et qu'ensuite les choses ont repris leur cours.

Je dois dire qu'à cette époque on a constaté un changement en Polynésie, et d'abord dans le comportement de la justice. Elle n'a plus protégé Gaston Flosse comme du temps de Jacques Chirac et, au contraire, elle a commencé à regarder d'un peu plus près toutes les affaires ; la chambre territoriale des comptes n'a cessé de publier des rapports de plus en plus accablants sur la manière dont l'argent public était géré en Polynésie ; et puis le Haut-Commissaire, lui aussi, a pris un peu plus d'autonomie que ses prédécesseurs. Bien sûr, nous ne pouvons qu'approuver ces changements qui s'inscrivent dans l'ordre républicain.

Si je résume mon analyse, un peu rapide car le temps me manque, et sans doute quelque peu partiale – mais mes collègues de Polynésie ne me semblent pas en profond désaccord avec elle –, elle montre que cette instabilité, c'est votre majorité, madame la ministre, qui l'a créée. Elle n'a pas voulu entendre les avertissements que l'on lui donnait. Aujourd'hui, puisque vous avez opéré un revirement et qu'il faut un bouc émissaire, c'est Gaston Flosse. Humilié, on ne l'écoute plus, il est même non inscrit au Sénat – où il a été le seul à voter contre le statut aujourd'hui proposé. Bref, lui qui était hyperpuissant porte dorénavant tous les péchés du monde et doit, enfin, rendre des comptes à la justice, et se retrouve tout seul. Mais il garde une capacité de nuisance non négligeable qui fait perdurer l'instabilité en Polynésie, d'autant plus que Gaston le Petit, qui porte bien son surnom, n'a pas réussi à s'imposer comme un leader.

Mais je veux maintenant montrer que les problèmes politiques de la Polynésie sont beaucoup plus structurels et méritent plus que cette analyse événementielle. Je m'appuierai sur les travaux des universitaires qui s'intéressent à cet archipel, notamment ceux de chercheurs en sciences politiques. Ainsi, Sémir Al Wardi publie régulièrement des travaux sur le sujet. Les causes structurelles de l'instabilité sont de trois types : elles sont politiques, économiques et morales.

Les causes politiques tout d'abord : la culture océanienne n'a pas grand-chose à voir avec la culture occidentale car elle privilégie les rapports personnels et affectifs, au détriment du fonctionnement institutionnel. Dès lors, une majorité électorale est sans cesse remise en cause. Bien sûr que le nouveau mode de scrutin va donner une majorité mathématique, mais qu'est-ce qui empêchera ensuite ses membres de privilégier les rapports affectifs ou géographiques ? L'insularité renforce encore cet aspect culturel car elle accentue les liens familiaux : tout le monde se connaît en Polynésie ; oserai-je dire que tout le monde est cousin à la mode de Bretagne ?

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