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Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 29 juin 2011 à 21h30
Modification de l'article 121 de la loi organique n — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Tout à fait.

L'affaire du drapeau, c'est une main tendue. Cette main tendue a été saisie et comprise. Le fait qu'on veuille faire à la majorité d'aujourd'hui, indépendantiste et non indépendantiste, un procès de cette affaire revient à faire un procès aux accords de Nouméa, pour toutes les mauvaises raisons que je viens d'exprimer. Parce que les accords de Nouméa ne sont pas figés dans le temps : ce n'est pas quelque chose de totalement déterminé et fini, c'est un processus qui continue – et tout à l'heure, madame la ministre, vous avez parlé du comité des signataires.

Ce geste d'apaisement, il y a quelques mois, je n'étais pas certain que vous le feriez, monsieur Frogier. Or vous l'avez fait et je veux ici, devant la représentation nationale, vous en rendre hommage. Nous avons eu des différends ; mais vous avez pris vos responsabilités, vous élevant ainsi à un niveau qui n'a rien à voir avec la polémique politicienne de bas étage qui, malheureusement, étreint certains.

Enfin, madame la ministre, je veux dire que si nous n'acceptions pas le texte que vous nous proposez, nous risquerions de revenir aux années 1987-1988. Certes, le temps gère l'oubli. Certes, la vie médiatique fait qu'une semaine sur l'autre, on ne sait plus de quoi on parle, ou on oublie les sujets les plus essentiels. Mais je me souviens du temps où j'avais vingt et un ans, où je voyais un morceau de territoire de ma propre nation se déchirer, s'affronter. Je ne comprenais pas comment des véhicules de gendarmerie servaient à empêcher des affrontements entre Français. Nous ne voulons plus jamais revoir cela.

Nous avons besoin de la responsabilité des élus que vous représentez. Nous avons besoin de la responsabilité des élus qui représentent les indépendantistes parce que le projet calédonien, le projet tel que prévu politiquement par les accords de Nouméa avance et fonctionne – vous en êtes, madame la ministre, la garante en tant que représentante de l'État parce qu'il faut un arbitre là-bas.

Mieux, depuis maintenant presque vingt-trois ans, nous avons connu une évolution économique majeure, qui est la meilleure des garanties politiques. Dans la province nord, le projet Koniambo avance tandis que la province sud continue à se développer. La compréhension s'est développée, mais surtout, la richesse économique commence à mieux se répartir. Cela veut dire que les Calédoniens peuvent vivre ensemble au sein de la République française. Ils n'ont pas besoin de gens qui, par arrivisme, opportunisme ou fuite en avant dans le seul but d'éviter de se voir rattrapés par leur propre turpitude, souhaitent prendre en otage un processus qui fait honneur à la République française au moment même où les élus qui avaient des opinions différentes ont décidé, eux-mêmes, d'accepter, d'intégrer, de développer, d'amplifier le processus.

Par ma voix, le groupe Nouveau Centre votera le texte que vous nous présentez, madame la ministre, d'abord et avant tout parce que c'est un texte de dynamique, qui permet que le développement économique soit mieux réparti, qui permet que les partenaires continuent à travailler et à poursuivre le processus initié à Matignon puis à Nouméa. Oui, c'est un processus dont la France a besoin parce que si vous regardez toutes les problématiques de « lutte » entre indépendantistes et non indépendantistes, c'est sans doute le processus le plus exemplaire, celui par lequel des gens qui s'affrontaient ont commencé à se respecter et à travailler ensemble, celui par lequel des gens qui pensaient se séparer sont en train de construire ensemble, sur un territoire, une prospérité économique. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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