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Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Réunion du 29 juin 2011 à 21h30
Modification de l'article 121 de la loi organique n — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Vous aussi êtes de ceux-là, monsieur Pancher.

J'observe que, ce soir, une majorité des députés présents représentent la métropole. Je veux le dire aux députés ultra-marins, car cela ne me paraît pas dénué de sens.

La Nouvelle-Calédonie a beaucoup souffert, plus qu'aucun autre de nos territoires d'outre-mer. Gaël Yanno évoquait tout à l'heure la poignée de mains historique entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur ; on y a vu un dénouement, même si cela n'a pas été simple. Vous comprendrez que le groupe Nouveau Centre, qui compte en son sein celui qui était préfet à l'époque, Christian Blanc, soit attaché à cette poignée de mains et à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Cette poignée de mains, qui a coûté cher à un camp comme à l'autre, et même coûté la vie à l'un des auteurs de ce geste, est suffisamment précieuse pour que l'accord de Nouméa justifie que, ce soir, même si c'est exceptionnel, les élus de métropole soient un peu plus nombreux qu'à l'accoutumée.

Pourquoi ? Parce que l'on veut nous faire croire qu'il y a, en Nouvelle-Calédonie, une crise institutionnelle. Nos collègues Gaël Yanno et Pierre Frogier me pardonneront de dire les choses plus crûment – j'essaierai tout de même de ne pas être brutal – qu'on ne le fait habituellement. Vous avez raison, monsieur le président Frogier : il n'y a pas de crise institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement des provinces fonctionne. Celui de la collectivité devrait lui aussi fonctionner si nous n'assistons à une prise d'otages dont les raisons n'ont rien de noble ni de politique. Car il n'est pas question de revendications ou d'affrontements somme toute bien légitimes : après tout, nos assemblées en sont coutumières – d'une certaine manière, elles servent à cela. Non, il s'agit bien d'une prise d'otages par un groupe, presque un groupuscule, qui a décidé de bloquer le fonctionnement institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Et si ces gens le font, ce n'est pas qu'ils auraient des revendications : là encore, monsieur Frogier, vous avez raison, ils n'étaient finalement pas si en désaccord que cela avec la politique que vous souhaitiez conduire il y a quelques mois. Non, c'est pour des raisons d'intérêt personnel, politiciennes, honteuses dans un territoire comme la Nouvelle-Calédonie, qui a connu tant de difficultés.

Nous venons d'entendre les deux députés de la Nouvelle-Calédonie s'exprimer avec un grand sens des responsabilités – et je vous le dis, monsieur Frogier, malgré les désaccords que nous avons pu avoir par le passé.

Les évolutions ont été grandes, M. Dosière le sait, tant chez les indépendantistes que chez ceux qui souhaitent le maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française.

Je vous le dis, madame la ministre, et j'ai cet avantage de pouvoir m'exprimer librement les choses parce que je n'engage ni le Gouvernement ni même la majorité : voir surgir ainsi, dans le jeu politique, des gens qui se sont fait élire sous un faux nez et qui, désormais, prennent des décisions qui n'engagent qu'eux-mêmes, qui ne visent que leur propre avenir, et ce depuis quelques années, j'appelle cela une double prise d'otages : une prise en otages de ceux qui souhaitent le maintien de la Calédonie dans la République française, avec toute la démarche d'autonomie et d'accord entre les deux fractions politiques depuis les accords de Nouméa, mais également la prise en otage des Kanaks, en tout cas des indépendantistes, qu'ils mettent dans une situation impossible en bloquant les institutions.

Cette manière de faire est irresponsable, mais je pense, madame la ministre, que cette situation a été créée pour partie par le fait que ces individus imaginent que cette fuite en avant pourrait leur éviter des difficultés judiciaires. La République, et en tout cas l'Assemblée nationale, ne doit pas se laisser forcer la main.

On a voulu forcer la main des élus, locaux, provinciaux, on a voulu forcer la main du Gouvernement, on veut forcer la main de la nation alors que la nation a fait sur elle-même un effort exceptionnel pour arriver à retrouver la paix civile en empruntant une voie exceptionnelle, tout à fait inhabituelle dans la République française.

Monsieur Frogier, je vous ai écouté tout à l'heure avec plaisir, honneur, presque délectation. Vous avez expliqué le symbole. C'est en effet un symbole, et en Nouvelle-Calédonie, les symboles comptent, et même plus fort qu'ailleurs.

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