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Intervention de Pierre Frogier

Réunion du 29 juin 2011 à 21h30
Modification de l'article 121 de la loi organique n — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Frogier :

Par ce geste, j'ai voulu faire un acte politique, un acte de reconnaissance mutuelle des deux légitimités historiques qui cohabitent en Nouvelle-Calédonie. Je remercie notre excellent rapporteur et ami Dominique Bussereau de l'avoir rappelé avec ses mots. C'est en effet, vous le savez, l'une des singularités de notre territoire.

Après s'être durement affrontées au début des années quatre-vingt, les deux grandes forces politiques de la Nouvelle-Calédonie ont choisi d'unir leurs efforts. Elles ont décidé de civiliser leurs antagonismes pour proposer, ensemble, aux Calédoniens, un chemin de paix, de confiance, de développement, de partage et de rééquilibrage.

C'est toujours vers cet objectif que nous devons tendre mais, par la force des choses, l'esprit et la volonté qui nous animaient il y a vingt-trois ans se sont effilochés. Cher ami Dosière, même si ce que j'ai proposé n'est pas conforme à la lettre de l'accord de Nouméa, j'ai la conviction que pour redonner un souffle à cet accord, pour relancer le processus engagé en 1988, il fallait un geste fort, un signe tangible, qui parle à l'intelligence, aux coeurs et aux esprits.

Ma proposition de hisser ensemble les deux drapeaux a été avalisée par le comité des signataires réuni il y a tout juste un an. Elle a été validée par le Président de la République et par le Premier ministre, approuvée par la grande majorité des élus du congrès de la Nouvelle Calédonie.

Désormais, les deux drapeaux flottent sur la plupart des édifices publics et je voudrais, madame la ministre, qu'en confiance, vous preniez conscience que ce geste constitue une avancée politique majeure. Je sais que vous y êtes aujourd'hui acquise.

Ce geste a permis de rétablir des relations vraies, directes et sincères entre les partenaires de l'accord de Nouméa. Il a en outre trouvé son prolongement, il y a quelques semaines, à travers un équilibre institutionnel qui se traduit par un partage nouveau des responsabilités au congrès et au gouvernement. Si vous le permettez, monsieur le président, je voudrais saluer la présence, dans les tribunes, de M. Roch Wamytan, président du congrès de la Nouvelle-Calédonie, de M. Gilbert Tyuienon, vice-président du gouvernement et, bien sûr, de M. Charles Pidjot, président de l'union calédonienne, grâce à qui tout a été possible.

Ce geste va nous permettre d'avancer sur des sujets essentiels et de mener des discussions sans arrière-pensée. Vous devez vous convaincre que c'est cette vision et cette inspiration politiques qu'un groupe minoritaire a voulu troubler en provoquant, sciemment l'instabilité de nos institutions. Il s'est ainsi placé délibérément en opposition aux conclusions du dernier comité des signataires et en marge de l'accord de Nouméa. Il porte en cela une très lourde responsabilité.

D'une proposition qui visait à rassembler, ce groupe a fait un sujet de division, en attisant les rancoeurs, en jouant sur les peurs. Ce groupe n'a pas hésité à raviver les tensions, exacerber les divisions, ranimer les passions les plus sombres et les plus dangereuses de notre histoire récente.

Madame la ministre, je reste convaincu que vous auriez pu, que vous auriez dû, et de façon catégorique, affirmer plus tôt que cette proposition d'unir les deux drapeaux, entérinée, je le rappelle, par le comité des signataires et par la majorité des élus du congrès, validée par le Président de la République, ne pouvait pas être « prise en otage » de cette façon. Il en va du respect de nos institutions, du respect de la démocratie représentative.

C'est le rôle que vous assigne aussi l'accord de Nouméa.(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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