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Intervention de Dov Zerah

Réunion du 18 mai 2011 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Dov Zerah, directeur général de l'Agence française de développement :

L'important est que nous gagnions, que nous ayons une marge, sans coût pour l'Etat ; cela reste intéressant. C'est un sujet important, car nous sommes partis d'une situation, il y a encore dix mois, dans laquelle nous prêtions à Euribor moins quelque chose. Cette évolution ne nous a pas empêchés de maintenir les contacts avec les Chinois, et de continuer à y travailler. La qualité de notre signature joue et notre taux reste intéressant pour la Chine ; il nous permet de travailler avec ce pays et de participer ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique et d'autres sujets. Cela étant, je comprends le débat. Il y a cependant de réelles avancées à noter.

En ce qui concerne l'Egypte, il faut relever que l'administration égyptienne est fort différente de l'administration tunisienne, qui a produit en très peu de temps un plan de relance et de réformes et a réorienté les programmes en cours. Il y a eu une véritable réactivité de la part de la Tunisie, qui a une appréciation très précise de la situation, et nous ne sommes pas au même niveau en Egypte. De la même manière, nous sommes paralysés en Jordanie, au Yémen, ou en Syrie. Les perspectives sont très différentes dans ces pays ; nous serions en mesure d'augmenter nos interventions et ne le pouvons pas en ce moment.

Le Burundi n'est pas sur la liste des pays prioritaires mais nous intervenons au Burundi. On m'a régulièrement interrogé sur le Laos mais pas sur les pays d'Afrique subsaharienne. Dans le cadre du COM, nous allons concentrer nos interventions sur les 14 pays prioritaires, à la liste desquels ni le Laos ni le Burundi n'appartiennent. Le Laos est le seul pays à propos duquel les arbitrages nous occasionnent quelques difficultés.

Sur la Côte d'Ivoire, je ne veux pas faire d'autosatisfaction, mais je souligne la rapidité des décisions : Laurent Gbagbo a été arrêté le 10, la ministre Christine Lagarde a fait une annonce le 12, le 14, un prêt de 350 millions a été décidé en conseil d'administration, le 26 la convention de financement était signée et le premier décaissement, de 200 millions, est intervenu le 28, pour assurer la paie des salaires de la fonction publique, notamment les arriérés, et de régler les arriérés dus aux sociétés d'électricité et d'eau, et permettre ainsi de relancer le fonctionnement des services publics. Une partie sera aussi utilisée pour des emplois à haute intensité de main d'oeuvre.

Il s'agit ici d'un prêt à Euribor plus 30 points de base, sur une durée de 9 ans avec 3 ans de différé, garanti par le Trésor français. 50 millions sont prévus pour éventuellement permettre le remboursement des arriérés de la Côte d'Ivoire à la Banque mondiale et au FMI.

La question du genre et de l'égalité hommesfemmes est essentielle car elle a des implications sur la croissance démographique et la croissance des populations urbaines en Afrique. Qu'il suffise de rappeler que de 850 millions d'habitants aujourd'hui, la population africaine passera en 40 ans à 1,8 milliard d'habitants, dont 60 % seront urbains. Si ces questions ne sont pas traitées, la situation risque de devenir explosive. La solution passe notamment par la sensibilisation des femmes. On le voit dans le monde arabe en transition démographique. C'est un sujet au coeur de nos problématiques et c'est pourquoi j'ai proposé que nos subventions soient concentrées sur la santé et l'éducation.

La question de la gouvernance mondiale est cruciale et beaucoup a été fait. La période actuelle est même exceptionnelle en ce sens, depuis les élections supervisées par les Nations Unies en Côte d'Ivoire à la Libye, sans oublier le fait que l'aide au développement soit aujourd'hui à l'agenda du G20.

L'OMC est en revanche une véritable question et l'exemple du coton est là pour le rappeler : depuis 2000, la production indienne a été multipliée par 2, celle de la Chine a augmenté de 60 %, celle des Etats-Unis de 40 %, alors que celle des pays africains chutait de moitié, du seul fait des subventions ! On parle des subventions américaines, mais on ne parle pas des subventions chinoises et indiennes car ces pays appartiennent encore à la catégorie des pays en développement.

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