Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Antoine Bouvier

Réunion du 18 mai 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Antoine Bouvier, président-directeur général de MBDA :

La coopération franco-britannique n'a pas, en tant que telle, d'impact sur le périmètre industriel et l'emploi. C'est le cas en revanche de la diminution des budgets, que nous cherchons à gérer au mieux au travers de cette intégration industrielle, laquelle a pour objectif de réduire notre base de coût, donc d'améliorer notre compétitivité et d'augmenter ainsi nos activités à l'export.

Les 250 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires que nous souhaitons réaliser avec les exportations correspondent plus ou moins au montant de la baisse escomptée de 20 % du budget français sur les programmes 144, 146 et 178. Il y donc compensation au niveau du chiffre d'affaire.

Pour autant, l'export n'a pas le même contenu que la production nationale en termes d'emplois, dans la mesure où il repose plus sur la fabrication, comporte une part de développement moins élevée et fait davantage appel à la chaîne des équipementiers et des sous-traitants.

Nous anticipons donc une réduction du format de l'entreprise en France et au Royaume-Uni à l'horizon 2015, sachant que l'initiative franco-britannique limite ce phénomène grâce à l'export.

L'écroulement de l'activité du bureau d'études est aujourd'hui pour moi le souci majeur : si des décisions sur les programmes ne sont pas prises dans les prochaines semaines, je ne vois pas comment nous pourrions poursuivre la coopération. Nous avons l'opportunité de soutenir nos capacités industrielles ; il ne faut laisser passer cette occasion. Je crois que c'est un élément structurant qui souligne, s'il en était besoin, l'urgence de la situation.

S'agissant des terres rares et plus généralement des équipements comportant des composants électroniques, la tendance que nous avons connue depuis des décennies s'est inversée : aujourd'hui, c'est le civil qui tire le militaire en matière de technologies. Notre objectif n'est pas tant de diffuser nos technologies que de sécuriser la faible part du chiffre d'affaires que les grands équipementiers et les fabricants de composants de matières premières font dans le domaine de la défense. Je note d'ailleurs qu'ils ne considèrent pas toujours cette activité comme importante ni rentable. Au Japon ou dans les pays nordiques, on estime même que ce domaine comporte des risques trop importants par rapport aux gains escomptés ; il en est ainsi par exemple pour les fournitures japonaises sur les composites. Nous voulons sécuriser nos sources d'approvisionnement, ce qui ne peut se faire que dans un cadre commercial global.

Cela n'est pas incompatible avec une approche spécifique sur les composants ITAR, qui doit être conduite dans un cadre dépassant celui de l'industrie de défense.

La DAMB est un secteur stratégique, les États-Unis l'utilisant, comme je l'ai dit, pour tirer la technologie et les exportations et pour asseoir leur suprématie sur de multiples secteurs. Sont concernés les systèmes, les radars, les missiles, mais également des technologies génériques qui, demain, seront communes à l'ensemble de nos gammes de produits et détermineront notre capacité à les développer au meilleur niveau.

La question des exportations comportant des technologies de niveau moins élevé doit être examinée au cas par cas. Dans bien des situations, il faut s'interroger sur la pertinence des performances supplémentaires qui représentent parfois un surcoût très important ; il faut mener une véritable analyse de la valeur. Tel est d'ailleurs un des objectifs de l'initiative franco-britannique avec une implication la plus en amont possible de l'industriel, non pas dans le processus de décision mais comme une contribution à celui-ci. L'industriel apporte une vision sur la technologie, le programme et le coût escompté en fonction des options possibles. Dans d'autres situations, comme pour le successeur du missile Milan qui était relativement rustique, on observe que nos concurrents et nos clients s'orientent vers des solutions plus techniques avec des capacités « systèmes » plus élevées, permettant de tirer au-delà des vues directes ou d'homme dans la boucle, capacités largement communes à nos autres gammes de produits. Par cet exemple, je veux souligner que l'utilisation d'équipements rustiques peut donc, dans certains cas, demander les technologies les plus avancées.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion