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Intervention de Antoine Bouvier

Réunion du 18 mai 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Antoine Bouvier, président-directeur général de MBDA :

MBDA est effectivement un cas à part et l'intégration au sein de ce groupe est plus facile. Nous avons déjà parcouru une grande partie du chemin : lorsque nous avons reçu le mandat de proposer aux ministères de la défense français et britannique des centres d'excellence, nous avons mis en place, à la fin de 2010, des groupes de travail franco-britanniques au sein de MBDA dans le cadre de notre organisation intégrée avec un comité directeur et un président ayant autorité sur l'ensemble des équipes pour faire avancer les dossiers. Les choix sont parfois douloureux et les discussions industrielles difficiles en interne, chacun acceptant les objectifs dans leur principe mais pas toujours, loin s'en faut, leurs conséquences. Si nous avons pu identifier une dizaine de propositions de centres d'excellence dans les deux pays, propositions que nous présenterons lors de la préparation du prochain sommet franco-britannique, c'est parce que nous avons fait ce travail dans le cadre d'une organisation intégrée.

Lorsque dans d'autres secteurs il n'existe pas d'organisation intégrée, chaque entreprise défend ses intérêts et il est beaucoup plus difficile de créer une dynamique. De plus, il est souvent impossible d'assurer un équilibre dans le périmètre du secteur concerné, la répartition ne pouvant intervenir que de façon plus globale.

Je vois suffisamment les difficultés de cet exercice au sein de MBDA pour anticiper celles, plus importantes encore, que pourraient rencontrer les autres secteurs. Cela ne fait que renforcer la nécessité d'une vision politique très solide, déclinée dans l'ensemble de l'administration et adressée clairement à l'industrie.

À côté des réactions des autorités politiques allemandes et italiennes et de leurs parlements, il faut aussi prendre en compte celles des personnels. Lorsque le concept de « one MBDA » a été défini à la suite du traité, les questions ne concernaient pas seulement la France et le Royaume-Uni, mais aussi l'Allemagne et l'Italie. Dans ce contexte, j'ai multiplié les réunions avec les cadres, les syndicats et l'ensemble du personnel dans ces quatre pays pour expliquer que la vision de MBDA en tant que société européenne demeurait intacte.

Pour éclairer le débat, je pense qu'il faut revenir aux fondements de la coopération franco-britannique : une convergence de deux pays qui, comme le disent les Britanniques, « payent et se battent » ; la reconnaissance que le secteur des missiles est absolument stratégique et doit être sanctuarisé, ce que le Royaume-Uni a fait en termes de politique industrielle et de budget sur les programmes ; et la mise en place d'une politique industrielle de long terme qui est la base du dialogue entre les deux pays. Il faut créer ou recréer ces mêmes conditions en Allemagne et en Italie. L'importance accordée au secteur des missiles, la sécurité des approvisionnements, l'objectif de compétence industrielle de souveraineté et des budgets permettant de soutenir la mise en place de cette politique industrielle sont des préalables indispensables sans lesquels on n'aura que des déclarations de principe.

En attendant, il faut utiliser toutes les opportunités, et elles existent, pour des coopérations sur des programmes, sur la R&D et pour mettre en oeuvre des initiatives communes avec l'Allemagne et l'Italie.

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