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Intervention de Hael Al Fahoum

Réunion du 18 mai 2011 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Hael Al Fahoum, chef de la mission de Palestine en France :

Je suis d'accord avec l'analyse de M. de Charette. Pour ce qui nous concerne, nous nous sommes engagés dans le processus de réconciliation et le Hamas a commencé de s'aligner sur la position de l'OLP : M. Khaled Mechaal n'a-t-il pas évoqué un État palestinien dans les territoires occupés en 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ? C'est une évolution notable pour un parti qui, jusqu'alors, a toujours revendiqué de recouvrer la Palestine étendue de la vallée du Jourdain jusqu'à la Méditerranée. Par cette déclaration, la direction du Hamas fait sienne pour la première fois la position adoptée par le Conseil national palestinien en 1988. La convergence des points de vue est donc amorcée.

Le gouvernement israélien cherche tous les prétextes pour esquiver le processus de paix tout en accusant les Palestiniens d'être les auteurs du blocage et, malheureusement, l'administration américaine pratique le double langage en ne soumettant le gouvernement israélien à aucune pression réelle pour l'obliger à se plier à la volonté de la communauté internationale.

S'agissant de la reconnaissance de l'État d'Israël par le Hamas, je vous ai fait part d'une évolution ; de plus, comme je l'ai indiqué, cette question relève des États et non des formations politiques. En Israël, M. Avigdor Lieberman et avec lui la majorité du Gouvernement israélien ne reconnaissent même pas l'existence du peuple palestinien. Pour intégrer l'OLP, le Hamas devra reprendre à son compte tous les engagements conclus par le Conseil national palestinien – dont le principe de la coexistence de l'État palestinien et de l'État d'Israël. Pour l'heure, le Hamas n'est pas encore une composante de l'OLP ; de plus, il y aura des élections au Conseil national palestinien dans un an.

La population palestinienne n'acceptera pas l'idée d'un État palestinien qui n'aurait pas Jérusalem-Est pour capitale. Elle tiendrait pour aussi inacceptable un État aux frontières provisoires. C'est pourquoi les propositions de M. Netanyahou en ce sens ont été rejetées.

On constate actuellement une mutation positive au sein des mouvements de jeunesse du Hamas. Le désespoir peut parfois avoir une incidence sur le discours d'un parti politique ; si l'on voit qu'un mouvement s'amorce qui tend à confirmer l'identité palestinienne par la création d'un État, les approches politiques peuvent se modifier, même au sein de partis qui étaient considérés jusqu'alors comme des partis négatifs dans la société palestinienne. C'est pourquoi il faut passer aux actes. L'accumulation des frustrations et des souffrances a été telle depuis soixante-trois ans qu'il faut du concret, maintenant.

Vous m'avez interrogé sur ce que devrait être le rôle de l'Union européenne. À dire vrai, je m'étonne que l'Union européenne, grande puissance économique, doive demander l'autorisation de quiconque pour prendre une initiative concernant le Proche Orient, alors même que les questions en suspens ont une incidence directe sur sa propre sécurité – au point que la question peut être considérée comme un problème interne à l'Union ! Si tous les efforts sont conjugués, l'Europe parviendra à imposer sa vision au moment où des forces se mobilisent dans le monde arabe mais aussi en Israël : Mme Livni n'a-t-elle pas dit hier tout le mal qu'elle pense de la politique suivie par M. Nétanyahou, qu'elle accuse d'isoler Israël sur la scène internationale ? Le président Abbas a lui-même rencontré deux cents personnalités israéliennes de tous bords, avec lesquelles il a eu des discussions très franches. Un terreau existe pour la négociation ; il faut le labourer.

La Palestine a besoin de partenariats bilatéraux. Nous souhaitons créer un partenariat expérimental avec la France, qui montrerait que la coopération peut être autre qu'uniquement budgétaire. Nous avons besoin que des groupes privés français, avec le soutien des autorités, s'engagent auprès de nous en tant que partenaires stratégiques de leurs homologues palestiniens. Par ailleurs, j'entretiens des contacts avec les ambassadeurs des pays arabes pour mettre au point des partenariats triangulaires associant la France, la Palestine et des pays arabes. Nous entendons ainsi préparer la normalisation qui interviendra entre le monde arabe et l'État d'Israël lorsqu'un progrès politique réel aura permis de mener à son terme le processus de paix.

Enfin, le Gouvernement égyptien a promis de faciliter les déplacements entre l'Égypte et Gaza et a déjà pris des dispositions en ce sens ; peut-être allons-nous demander le retour des observateurs européens aux frontières avec l'Égypte.

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