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Intervention de Louis Guédon

Réunion du 11 mai 2011 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Guédon :

Quand nous avions débattu du projet de loi sur la modernisation de l'agriculture et de la pêche (LMAP), le ministre n'avait pas parlé de la pêche. Or la France dispose du littoral le plus important d'Europe. Les ports de pêche y représentaient, avant la crise, les premières zones industrielles. Un emploi à la mer assurait trois emplois à terre.

J'ai achevé mon tour de France et remis mardi mon rapport au Premier ministre. On peut le consulter sur son site et il sera publié par la Documentation française.

Nous consommions, il y a dix ans, 28 kg de poisson par Français. Nous en consommons aujourd'hui 34 kg. La pêche française ne représente plus que 20 % de notre consommation, alors qu'elle en assurait la totalité il y a cinquante ans. Le secteur de la pêche est vital pour l'économie du littoral.

L'aquaculture n'a plus aucun avenir en France. Nous sommes certes les pionniers sur le plan des techniques. M. Michel Adrien a ainsi remporté le marché chinois pour le turbot. Il est également à l'origine du procédé pour le bar mais il doit vendre tous ses alevins aux Grecs et aux Espagnols qui produisent à des coûts inférieurs de 30%, la température des eaux étant plus adéquate.

Les marins pêcheurs sont convenablement payés mais leur avenir est menacé par la mise hors service de bateaux anciens et dangereux et par la politique des quotas. Or un homme jeune doit avoir des perspectives de carrière. Un baccalauréat professionnel et de nouveaux diplômes ont été créés ; cependant les 1700 élèves des lycées spécialisés ne sont pas amarinés assez tôt et, après avoir mis pour la première fois le pied sur un bateau, n'ont souvent plus envie d'y retourner. Mieux vaudrait, comme on le fait chez moi, une formation en alternance, conduisant le jeune en formation à embarquer dès l'âge de 16 ans : 80% des élèves restent dans la marine.

Les marins pêcheurs ont également besoin de considération. Leurs brevets de marins sont désormais identiques à ceux du commerce mais les évolutions de carrière sont plus lentes que pour les autres professions maritimes et il conviendrait de permettre qu'elles soient plus rapides, notamment en fin de carrière.

Les crises pétrolières affectent les salaires des marins travaillant sur les gros bateaux. Mais ces crises étant assez courtes et relativement maîtrisées, il conviendrait d'introduire, dans le code du travail maritime, un fonds d'assurance chômage.

S'agissant des bateaux, l'amélioration des méthodes de navigation permet de réduire de 20% la consommation de gasoil ; mais il est important que les pêcheurs disposent de bateaux neufs, performant et sécurisés : un outil de travail vieux de 25 ans ne peut que rebuter un jeune.

Troisième élément, après les marins et les bateaux : le marché. Auparavant, le marin ne vendait pas son poisson, on le lui achetait ; les cours étaient donc irréguliers. Aujourd'hui, sur le marché français, nous souffrons d'un déficit de 1, 8 million de tonnes. La solution passe notamment par les organisations de producteurs.

À cet égard, les organisations de producteurs françaises ne perçoivent que 0,0026 % des dépenses agricoles européennes, soit 3 millions d'euros sur les 12 millions d'euros attribués aux États membres.

La loi de 2007 en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (TEPA) pourrait permettre d'améliorer le financement des bateaux, sous condition de certaines modifications, concernant les holdings.

Enfin, l'interprofession constitue un sujet très important. Les 75 millions d'euros de la taxe poisson n'ont jamais été affectés à la pêche. Conçue pour financer le fonds de prévention des aléas à la pêche (FPAP), cette taxe n'était pas « euro-compatible » et les marins n'en ont aucunement bénéficié. L'interprofession espère recueillir 35 millions. Elle s'organise en vue de regrouper les marins, les mareyeurs (dont les trois quarts des 300 000 entreprises sont en difficulté), les transformateurs et la distribution. Le projet d'une marque de distribution, France Filière Pêche, doit permettre de promouvoir les produits de qualité issus de la pêche française.

J'en viens à mes questions.

Quid des formations par alternance ?

Comment le marché peut-il s'organiser, dans le contexte de la construction de l'interprofession ? Comment assurer des relations de confiance entre le producteur et le distributeur ?

Ne pouvons-nous pas, en nous appuyant à la fois sur les scientifiques et sur les marins, présenter à Bruxelles nos propres propositions de quotas ?

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