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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 19 avril 2011 à 16h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Et à 43,9 % les années suivantes !

Bref, vous aurez atteint le paradoxe de faire plusieurs dizaines de milliards d'euros de cadeaux fiscaux aux plus fortunés de nos concitoyens tout en augmentant le taux des prélèvements obligatoires durant vos cinq années de gouvernement.

Quant au déficit extérieur, notre balance courante sera, selon vos prévisions, déficitaire de 3,7 % à partir de 2012. Elle a été excédentaire de 1995 à 2004. Depuis, elle a été déficitaire tous les ans. Vous prévoyez tout simplement à moyen terme un déficit que la France n'a jamais connu dans son histoire !

J'en viens à la croissance. Le Gouvernement attend tout de la croissance, mais il ne sait pas la créer. Vous prenez une hypothèse de croissance de 2,5 % à moyen terme – un peu moins en 2012. Mais quand avez-vous fait 2,5 % de croissance ? Depuis vingt ans, jamais ! Il est arrivé que la France fasse plus, et même plus de 3 %, mais ce n'est pas vous qui étiez au pouvoir. Alors, comment faire 2,5 % de croissance quand le consensus des instituts tourne autour de 1,9 % à moyen terme ? Par une politique économique ajustée à la situation conjoncturelle, qui apporte à la France plus de croissance que ses partenaires. Notre situation est extrêmement particulière : une demande qui s'est effondrée en 2009 à cause de la crise, qui reste près de 8 points inférieure au taux normal d'utilisation des capacités de production, et en même temps une compétitivité fortement dégradée depuis 2004 – ce qui ne s'améliorera pas tant que vous serez aux affaires, si l'on en croit vos prévisions. Comment résoudre ce problème tout en réduisant le déficit des finances publiques ? En redonnant du pouvoir d'achat, et donc en soutenant la demande à court terme, tout en musclant notre économie à long terme. Il faut accroître la croissance potentielle par une politique industrielle, et redonner du pouvoir d'achat. Mais pas ponctuellement : la meilleure façon d'agir sur le pouvoir d'achat, c'est de créer des emplois ! Les 300 000 emplois jeunes que nous proposons permettent de répondre non seulement au problème de chômage des jeunes, mais aussi à la situation conjoncturelle. Car l'histoire montre que c'est lorsqu'elle crée massivement des emplois que la France obtient une croissance supérieure à celle de ses partenaires.

Vous pouvez exprimer toute la satisfaction que vous voulez mais, si vous ne mettez pas en place une politique économique adaptée à la situation conjoncturelle, la France ne fera jamais 2,5 % de croissance et vous n'arriverez pas à réduire le déficit !

L'année la plus inquiétante est 2012, car toutes les mesures que vous avez prises pour réduire le déficit en 2010 et 2011 sont ponctuelles – ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Cour des comptes. Et quand on réduit le déficit avec des mesures ponctuelles, on reporte le problème sur les années suivantes.

Le gouvernement en place en 2012 trouvera, quel qu'il soit, une situation bien difficile !

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