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Intervention de Henri Loyrette

Réunion du 13 avril 2011 à 16h45
Commission des affaires étrangères

Henri Loyrette :

Je suis également honoré de venir vous présenter un état d'avancement du projet du Louvre Abou Dabi, quatre ans après la signature de l'accord intergouvernemental.

Nos partenaires émiriens ont souhaité, sur l'île de Saadiyat, créer un musée universel, porteur de l'excellence muséale française incarnée par le nom du Louvre.

Le Louvre Abou Dabi ne sera pas le Louvre à Abou Dabi mais un musée profondément original, inscrit dans la durée, permettant la constitution d'une collection nationale, associant culture française et arabe, offrant de renouveler le dialogue entre les différentes parties du monde.

Par son ampleur et sa durée, ce partenariat est exceptionnel pour le Louvre et les musées français car il s'agit, ne l'oublions pas, d'un projet collectif, comme l'a rappelé Marc Ladreit de Lacharrière, qui associe non seulement le Louvre mais également les musées d'Orsay, Pompidou, Guimet, du quai Branly et d'autres institutions.

La mise en oeuvre de groupes de travail autour des grands sujets liés au projet de création du musée permet d'associer étroitement tous ces partenaires, autour de l'Agence France-Muséums.

Le Louvre Abou Dabi ainsi que les autres institutions de l'île de Saadiyat et d'Abou Dabi illustrent des valeurs de progrès et d'humanisme: le Guggenheim Abou Dabi, le Zayed National Museum conçu avec le British Museum, l'université de Paris Sorbonne Abou Dabi ou encore la New York University.

La coopération entre la partie française et la partie émirienne TDIC est très fructueuse, et a été saluée à plusieurs reprises, par le ministre de la culture et de la communication lors de son déplacement à Abou Dabi en mai 2010 et lors du dernier comité bilatéral France-Emirats Arabes Unis en octobre dernier.

L'Agence et le Louvre ont également renforcé leurs relations et leurs échanges, en lien avec TDIC, avec les autres musées impliqués dans ce district, à savoir le musée Guggenheim et le British Museum en charge de la conception du Zayed National Museum.

Premier musée universel dans cette région du monde, le Louvre Abou Dabi inaugure en terre arabe une institution culturelle dont les racines puisent à la philosophie intellectuelle de l'Europe des Lumières. Les valeurs et l'identité du nouveau musée reposent sur les notions de découverte, de rencontre et d'éducation, que porte en soi l'alliance inédite du plus grand musée du monde avec l'Arabie moderne.

Armature intellectuelle et conceptuelle du futur musée, le projet scientifique et culturel du Louvre Abou Dabi fera dialoguer l'art des différentes civilisations et cultures du monde, des plus immémoriales aux plus actuelles.

Il s'agira d'offrir aux visiteurs des grands repères pour comprendre l'histoire des arts propre aux différentes civilisations, l'Occident, le monde arabo-musulman et l'Asie, mais aussi l'Afrique, l'Amérique et l'Océanie.

La dernière version du Projet scientifique et culturel due contractuellement à TDIC a été transmise à la fin de l'année 2010.

Cette quatrième version du projet scientifique et culturel comprend une liste indicative et prévisionnelle des 300 prêts français ; conformément à l'accord intergouvernemental, la liste définitive des prêts pour la première année d'ouverture sera transmise officiellement en décembre 2011. Elle sera établie grâce à un travail associant étroitement l'Agence France-Muséums et les musées prêteurs.

Afin de prendre en compte certaines évolutions d'ici à l'ouverture du musée, la partie française transmettra à la partie émirienne des mises à jour du Projet scientifique et culturel en 2011 et 2012.

L'architecture du musée imaginée par Jean Nouvel se conçoit comme une variation de la ville arabe, sous un vaste dôme rappelant les coupoles orientales.

En revanche, ce bâtiment ne sera pas construit par des Français. On ne sait pour quelles raisons des entreprises comme Bouygues, Vinci ou Lafarge ne se sont pas portées candidates. Elles n'ont d'ailleurs même pas présenté de dossiers.

Le bâtiment de 24 000 m² comprend 6 000 m² de galeries permanentes, 2 000 m² pour les expositions temporaires, un musée des enfants et tous les équipements attendus aujourd'hui d'un musée de rang international.

Le parcours du musée décloisonnera les arts et les techniques, les civilisations et les aires géographiques, pour mettre en valeur tant les échanges que les spécificités propres à chacune.

Le processus d'acquisition est mené par la directrice scientifique de l'Agence en lien avec le musée du Louvre, et après consultation des grands départements patrimoniaux concernés, au Louvre et dans les musées partenaires. Cette consultation permet d'encadrer le processus d'acquisition et de s'assurer de la qualité des oeuvres proposées. C'est la première fois que les musées français sont ainsi associés à la constitution d'une collection d'un pays étranger.

Trois commissions des acquisitions sont prévues pour l'année 2011 : une s'est tenue le 9 février 2001. Deux autres devraient avoir lieu, fin mai, et une à l'automne qui devrait se tenir à Abou Dabi.

La collection propre du Louvre Abou Dabi comprend aujourd'hui soixante dix-huit oeuvres, reflétant l'ambition universelle du futur musée. La constitution de cette collection nationale est cruciale puisqu'elle devra parvenir à un équilibre, à l'ouverture du musée, avec les 300 prêts français puis occuper à elle seule l'ensemble du musée à l'issue des dix années de prêts des collections françaises.

Seules les 19 premières acquisitions ont été rendues publiques, lors de l'exposition Talking Art : Louvre Abou Dabi, organisée entre mai et août 2009 à Abou Dabi et inaugurée par le président de la République Nicolas Sarkozy et Son Altesse Cheikh Mohammed Bin Zayed AI Nahyan.

Un projet d'édition publiant les acquisitions du Louvre Abou Dabi est en cours, pour une publication fin 2011.

Le premier prêt de la collection du Louvre Abou Dabi a été accordé pour l'exposition Chefs d'oeuvre ? organisée à l'occasion de l'inauguration du Centre Pompidou Metz. Un autre prêt a été accordé pour l'exposition Manet, inventeur du moderne organisée par le musée d'Orsay.

Ces prêts sont un signe positif de la reconnaissance de la collection du musée et de son intégration dans le réseau des musées de rang international.

L'article 8 de l'accord intergouvernemental du 6 mars 2007 prévoit que la partie française assiste la partie émirienne pour la formation des professionnels du Louvre Abou Dabi.

Une stratégie de formation a été élaborée par l'Agence France-Muséums avec le musée du Louvre, l'Ecole du Louvre et l'Institut national du patrimoine. La question de la formation est cruciale pour les autorités d'Abou Dabi qui promeuvent l'émiratisation de la population active.

Chaque musée devra recruter en moyenne 500 personnes. Dans le cadre de l'accord intergouvernemental, la partie française sera associée au choix du directeur du Louvre Abou Dabi et de ses conservateurs.

Un master sur les métiers des musées a ouvert à la rentrée universitaire 2010 à l'université Paris Sorbonne Abou Dabi, co-diplômé par l'Ecole du Louvre et Paris IV Sorbonne ; le musée du Louvre et l'Agence France-Muséums ont été étroitement associés à sa conception. Les cours y sont dispensés en français, anglais et en arabe sur le campus de la Sorbonne Abou Dabi et alternent formation théorique et pratique. C'est la première fois qu'une telle formation commune, associant Paris IV et l'Ecole du Louvre, est mise en place au regard des projets culturels développés à Abou Dabi. Douze étudiants sont inscrits dès cette année d'ouverture, dont neuf de nationalité émiratie.

Les autorités émiriennes travaillent actuellement à la création de la future structure de gestion du musée : le Museum Operating Body ou MOB.

Le lien avec les musées français, le musée du Louvre en particulier, et l'autonomie culturelle et financière du futur musée sont des questions essentielles, notamment au regard de la durée de l'accord, de l'ampleur du projet et de l'engagement du nom du Louvre.

La partie française a présenté ses recommandations en la matière en novembre 2010, en insistant sur l'importance pour le musée du Louvre, d'être représenté au conseil d'administration du futur Louvre Abou Dabi.

La partie française dialogue constamment avec la partie émirienne sur ce sujet. Les autorités émiriennes devraient promulguer la loi créant le Louvre Abou Dabi d'ici fin 2011, début 2012.

Les fonds procureront 1 milliard d'Euros, dont 400 millions pour le seul Louvre, sur 30 ans. Le Louvre a déjà perçu 175 millions, 150 en tant que redevance de la marque et 25 millions au titre du mécénat qui serviront à la restauration du pavillon de Flore. D'autres versements interviendront en quatre phases, pour 62,5 millions chacun, à raison d'un tous les cinq ans à partir de 2014.

Les autres 600 millions correspondent aux prêts accordés par les musées français, à l'organisation des expositions et au fonctionnement de l'Agence France-Muséums.

M. Marc Ladreit de Lacharrière. Aucun retard n'a été déploré jusqu'à maintenant malgré les troubles que connaît la région.

Il est important de souligner que l'association avec les grandes institutions culturelles françaises portera en même temps sur un projet scientifique et culturel. Chaque manifestation permettra à chacune de disposer de ressources d'autant plus importantes pour elles que l'Etat français a réduit sa participation.

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