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Intervention de Boris Tadić

Réunion du 6 avril 2011 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Boris Tadić, Président de la République de Serbie :

Notre pays souhaite devenir candidat à l'entrée dans l'Union avant la fin de cette année. Il y a deux conditions à cela : d'une part, la coopération avec le Tribunal de La Haye, sur laquelle le procureur Brammertz remettra prochainement un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU ; de l'autre, la poursuite des réformes, à commencer par celle de notre système judiciaire. C'est une réforme difficile, que beaucoup de pays candidats ont mis du temps à mener à bien ; la Croatie, par exemple, est seulement en train de l'achever. Nous avons résolument choisi de traiter d'abord les sujets les plus difficiles – c'est d'ailleurs pour cette raison que notre pays accumule les succès sur les terrains de sport…

Un exemple illustrera la difficulté de cette réforme. Nous nous sommes beaucoup investis dans la lutte contre le crime organisé, qui, en Serbie, a une dimension non seulement régionale, mais aussi mondiale puisque, dans les Balkans occidentaux, des mafias importent de la drogue qu'elles revendent sur le marché européen. Plusieurs opérations d'envergure ont été menées en collaboration avec les États-Unis, mais nous n'avons pu apporter toutes les réponses pénales faute d'un système judiciaire adapté : il a fallu rompre avec l'héritage de M. Milošević. Nous espérons donc que la Commission européenne jugera favorablement, en septembre ou octobre, cette réforme ainsi que les autres. Après quoi, les chefs d'État devront se prononcer en décembre.

À la suite du jugement de la Cour internationale de justice sur le Kosovo, qui nous a beaucoup surpris, nous avons saisi l'ONU avec les Vingt-Sept. L'objectif du dialogue que nous avons engagé avec Priština est de trouver un compromis pacifique, gagnant-gagnant pour nos deux peuples. Nous restons ouverts à toutes les propositions – révision des frontières administratives, statut du Kosovo ou modèle d'association comparable à celui des deux Allemagne après la Seconde Guerre mondiale –, à l'exception de la reconnaissance d'un État indépendant. Il est bien évident que nous ne pouvons importer, via le processus d'intégration, le conflit des Balkans dans l'Union européenne.

Je veux rester un partenaire loyal et prévisible : la Serbie ne sera jamais en mesure de reconnaître une déclaration d'indépendance unilatérale du Kosovo, indépendance qui serait, pour elle, un véritable naufrage démocratique. C'est pourquoi il est si important de faire aboutir les négociations avec nos homologues albanais. La Serbie n'a d'autre objectif que la paix dans les Balkans, laquelle sert d'ailleurs les intérêts français. J'espère à cet égard signer l'accord bilatéral de partenariat stratégique. Nous souhaitons notamment associer un partenaire français au financement du métro de Belgrade.

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