Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Marie-Claire Carrère-Gée

Réunion du 16 mars 2011 à 10h00
Commission des affaires sociales

Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi :

S'agissant des CIO à propos desquels je laisse à Mme Gruny l'emploi du terme « échec », nous avions pour notre part avancé plusieurs propositions.

D'abord, laisser à l'éducation nationale la responsabilité de l'orientation.

Ensuite, élargir le recrutement, car les conseillers d'orientation, auxquels on reproche absolument tout mais qui ne peuvent tout faire, devraient, selon nous, non pas être forcément des psychologues, mais avoir travaillé en entreprise ou encore avoir reçu une formation en sciences économiques ou autres.

Il conviendrait par ailleurs de disposer d'une offre de formation plus réactive, ce qui implique de mieux cerner les besoins des entreprises. À cet égard, le programme « Prospective des métiers et qualifications » (PMQ), piloté par le Centre d'analyse stratégique (CAS) devrait être porté – une fois rendu plus clair, car il est très technique – à la connaissance des élèves, des parents et de la communauté éducative pour que chacun puisse prendre conscience des grandes évolutions générales. Par exemple, le COE a rendu un rapport intitulé « Croissance verte et emploi », aux termes duquel il a appelé l'État à décider d'investissements nouveaux dans ce secteur porteur – encore que je sois aujourd'hui un peu inquiète, après une impulsion très forte, quant à la mobilisation gouvernementale pour la traduction de cette politique en emplois et en formations.

De même, nous avons estimé que l'éducation nationale ne jouait pas suffisamment le jeu dans l'adaptation des formations aux nouvelles normes et compétences qui feront l'univers économique de demain, et que les professionnels n'étaient pas suffisamment impliqués s'agissant en tout cas des formations non supérieures. Nous avons ainsi proposé que le taux d'insertion professionnelle de toutes les formations soit publié de façon obligatoire afin qu'en dessous d'un certain taux une réflexion s'engage immédiatement entre l'État, les régions et les partenaires sociaux. Certes, ce n'est pas parce qu'une formation a un taux d'insertion peu satisfaisant qu'elle est forcément mauvaise. Mais, aujourd'hui, un lycée ou un CFA ne doivent plus offrir une formation répondant à des emplois qui n'existent plus. Or, il arrive encore que de telles formations constituent dans une ville la seule voie d'orientation professionnelle pour des jeunes qui ne réussissent pas bien à l'école et dont les parents n'ont pas les moyens de payer un logement à 200 kilomètres pour une autre formation. C'est pour éviter de tels cas que l'on a demandé la création d'une procédure d'alerte.

Nous avons également demandé que les formations soient regroupées, quitte à ce que des options soient offertes, de façon qu'elles soient plus lisibles pour les jeunes mais aussi pour les DRH qui s'y perdent, et que des passerelles entre offres de formation soient mises en place. À cet égard, je ne suis pas d'accord pour dire que les formations en psychologie ou en sociologie doivent être abandonnées, d'abord parce qu'elles offrent des débouchés directs, ensuite parce que des passerelles pourraient permettre à des jeunes qui ont suivi ces spécialités d'obtenir une spécialisation dans une autre matière, car l'avenir est aux compétences variées et aux profils non uniformes.

Concernant les contrats précaires, je ne suis pas favorable à ce que dans cette phase de reprise qui reste incertaine, on prenne des mesures tendant à décourager cette forme de recrutement. Les 120 000 emplois créés au cours de l'année correspondent d'ailleurs, aux quatre cinquième, à des contrats d'intérim qui bénéficient à plein aux jeunes : de même qu'ils avaient été les premières victimes, ils sont les premiers embauchés. Ce n'est qu'une fois la période de crise passée, que l'on pourra réfléchir à d'autres modes d'adaptation de l'emploi à l'activité économique que ce recours à un volant de main-d'oeuvre précaire.

Sur le plan statistique, si les emplois précaires sont moins qu'avant un tremplin vers l'emploi stable, les jeunes qui ne connaîtraient que l'alternance entre emplois précaires et chômage pendant des périodes très longues ne représentent qu'un pourcentage d'environ 5 %. Cette proportion reste scandaleuse, mais elle n'est pas non plus massive.

Quant à la fusion qui a conduit à la création de Pôle emploi, il me semble que c'était une bonne décision, même si elle est mal tombée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion