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Intervention de Dick Roche

Réunion du 2 février 2011 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Dick Roche, secrétaire d'état irlandais aux affaires européennes :

Je vous remercie de cet échange très franc.

En ce qui concerne l'euro, nous n'assistons pas en Irlande à un mouvement populiste anti-européen. Lors du second référendum irlandais sur le traité de Nice, j'ai moi-même expliqué au peuple irlandais pourquoi il était juste de traiter de la même manière tous les travailleurs européens, d'où qu'ils viennent, et d'assurer la libre circulation. Il n'y a pas eu de réaction négative vis-à-vis des immigrants, comme il y en a eu dans d'autres pays ; le sort que nous leur réservons est celui que nous souhaitons pour ceux de nos compatriotes qui vont travailler dans d'autres pays.

La rhétorique anti-européenne ne se fonde sur aucune analyse objective. C'est une forme de cynisme importé en Irlande, où les médias britanniques sont très présents ; l'un des journaux les plus vendus est l'édition irlandaise du Times – bon journal dans sa version britannique, moins bon dans sa version irlandaise. On s'est attaqué au référendum sur le traité de Lisbonne : ce qui n'avait pas pu être fait en Grande-Bretagne, on a essayé de le faire en Irlande, en faisant en quelque sorte de nous un cheval de Troie ; mais le peuple irlandais a su résister.

Il est très important de continuer à expliquer et expliquer encore ; mais vous avez raison, il y a un danger. Tout traité ou autre texte fondamental devra, en Irlande, être soumis à référendum ; et il est difficile de tout faire comprendre dans ce cadre. Après le 25 février, sans doute ne serai-je plus au Gouvernement et la moitié des membres de mon parti auront-ils perdu leur siège au Parlement ; mais l'important est que, parce que nous aurons pris les décisions qui s'imposaient, nous puissions demain parler la tête haute à nos petits-enfants.

Il faut continuer la réflexion sur la fiscalité, mais dans le cadre d'un débat constructif où chacun respecte le point de vue d'autrui. Au-delà des frontières de l'Irlande, force est de constater que l'Union européenne ne s'est guère rapprochée des citoyens ; elle communique peu et n'a pas su gagner leur coeur. Elle n'est pas à la mesure de ce qu'elle pourrait être.

L'économie irlandaise est basée sur les exportations. Les difficultés économiques que nous connaissons comme d'autres pays européens ne doivent surtout pas nous conduire à succomber au chant des sirènes protectionnistes. Nous devons avoir un système adapté à notre situation, susceptible de répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés, notamment face à l'Inde et à la Chine. Pour l'Europe, ces pays peuvent soit représenter une grande menace, soit constituer des partenaires de choix. Comme beaucoup d'amis, je pense qu'il faut regarder vers l'Est plutôt que de lui tourner le dos.

J'en viens à la question très directe sur l'euro et les transferts dans l'Union. Moi aussi, je vais être très franc. À quel choix étions-nous confrontés ? Nous aurions pu abandonner ceux qui avaient fait confiance à nos banques : si nous avions pris cette option, la zone euro serait non pas en crise, mais en phase terminale. Nous avons préféré assumer nos responsabilités.

Dans la perspective de l'intervention de l'UE FMI, il y a eu une forte pression due à des informations diffusées dans certains médias les jours qui ont précédé la date du 28 novembre, et qui visaient à nous forcer la main. Cela a été préjudiciable, au moins en ce qui concerne le calendrier des décisions, et donnait l'impression d'un manque de solidarité.

Je pense que les citoyens européens sont en faveur des mesures difficiles que nous avons prises. En revanche, ceux qui jouent sur les marchés n'ont pas de scrupules à attaquer l'Europe. Il faut aussi éviter que l'Europe nous emmène sur un terrain où nous ne voulons pas aller, celui de la spéculation financière.

Nous avons subi beaucoup de critiques au moment de l'élaboration du plan de sauvetage, et cela ne nous a pas aidés. Je pense que les États petits et moyens en Europe en ont encore gros sur le coeur.

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