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Intervention de Laurent Fabius

Réunion du 2 février 2011 à 15h00
Débat sur l'otan et les orientations données aux forces armées françaises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Fabius :

S'agissant enfin de l'OTAN, nous souhaitons, fidèles à la position que nous avons adoptée il y a deux ans, que, dans l'hypothèse d'un changement de majorité, le développement de la stratégie européenne et la matérialisation de la défense européenne deviennent une priorité absolue. Ne concluons pas des accords de principe avant d'en déterminer les conditions, comme nous l'avons malheureusement déjà fait.

En ce qui concerne l'engagement des forces, j'ai dit ce que j'avais à dire sur l'Afghanistan. Plus généralement – c'est sans doute également votre sentiment –, si nous devons engager nos forces ici ou là, comme le veut hélas le dur monde où nous vivons, le Parlement de la République doit être chaque fois consulté. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Nous ne devons plus être mis devant le fait accompli comme nous l'avons été à plusieurs reprises.

J'en terminerai en évoquant ce par quoi j'ai commencé : l'idée d'un décalage. Ce décalage, voire – ce qui est plus grave – la dérive que nous constatons, ne concerne pas essentiellement la politique de défense, mais touche notre politique étrangère.

Il s'agit d'abord d'un décalage temporel, qui est très préoccupant. L'attitude que nous avons adoptée vis-à-vis de la Côte d'Ivoire en fournit un exemple. La question est certes très délicate. Mais j'entends encore le Président de la République dire un jeudi ou un vendredi : « Il faut que M. Gbagbo parte avant dimanche. » C'était il y a deux ou trois mois ! (Rires sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

Il faut faire attention. Bien sûr, il est facile de faire des commentaires après coup. Mais je pensais à un autre humoriste, incontestable celui-là, qui disait : « L'ultimatum est la dernière étape avant le renoncement. » (Sourires.) Même si cela n'était arrivé qu'une fois, à une seule personnalité, c'est l'image de la France qui en est compromise.

Décalage encore, et même retard, à propos de l'Égypte. Certes, la situation est extraordinairement compliquée. Toutefois, c'est notre devoir à tous, c'est en tout cas le devoir et la mission historique de la France, de dire clairement et très rapidement qu'elle est aux côtés du peuple égyptien. Cela a été dit, mais trop tard. Je conçois certes que cela soit difficile lorsque les deux piliers de l'Union pour la Méditerranée sont MM. Ben Ali et Moubarak.

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