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Intervention de Bernard Bajolet

Réunion du 26 janvier 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bernard Bajolet, coordonnateur national du renseignement :

Il me semble qu'il faut trouver un juste équilibre entre le souci de M. Voisin de ne pas déclassifier trop vite et la demande de M. Cazeneuve de transmettre au juge d'instruction les documents dans les meilleurs délais.

En ce qui concerne la libération de nos otages à Niamey, nous avons tout fait pour que le juge d'instruction dispose rapidement des éléments nécessaires à son enquête. Il fallait permettre à la justice de faire son travail pour répondre aux attentes légitimes des familles des victimes. En l'espèce, la difficulté était liée aux images prises par les armées et couvertes par le secret de la défense nationale. Ce sont ces données qui ont été transmises à la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) pour une déclassification rapide.

Quant au dossier de Karachi, je crois qu'un mauvais procès est fait aux services de l'État. La volonté de déclassifier l'ensemble des pièces existe et c'est une réalité qu'il faut prendre en compte. La DGSE avait déjà fourni beaucoup de documents au juge mais cela semblait ne pas suffire. Les services ont donc poussé leurs recherches, y compris dans des dossiers sans lien direct évident avec l'affaire. C'est à cette occasion que de nouvelles pièces ont pu apparaître, mais elles n'étaient en aucun cas préalablement cachées.

Il y a certainement eu des maladresses, mais jamais de mauvaise volonté. J'aurais personnellement préféré que davantage d'éléments soient transmis à la mission d'information parlementaire et je comprends que vous ayez pu vous sentir frustré. Je tiens toutefois à préciser que cette situation résulte d'une difficulté juridique : dans quelle mesure la transmission de documents à votre mission était-elle compatible avec le travail du juge d'instruction ? Était-il possible de vous communiquer des éléments susceptibles d'être demandés par le magistrat ? Le ministère de la défense a saisi celui de la justice de cette question, via Matignon, mais n'a pas obtenu de réponse avant l'achèvement de vos travaux.

J'en viens à la note dont vous faites état. Je m'interroge sur la pertinence et la crédibilité d'une opinion recueillie par le Service le jour même de l'attentat. Il me semble difficile d'émettre une analyse sérieuse de façon aussi immédiate.

Pour ma part, je suis convaincu que l'attentat n'a aucun rapport avec la vente des sous-marins Agosta. Si certains aspects du dossier doivent être encore éclaircis, il me semble que l'implication de membres d'Al Qaïda ne fait aucun doute.

Au total, je crois qu'il faut laisser au juge d'instruction le soin d'éclaircir ce point et de déterminer quelle est l'hypothèse la plus crédible.

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