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Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 26 janvier 2011 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Xavier Darcos, ambassadeur pour la politique culturelle extérieure de la France :

Monsieur Cochet, pour rendre nos actions lisibles et évaluer les retours sur investissement, nous allons mettre au point une grille de lecture et une stratégie par grandes régions : Union pour la Méditerranée, pays émergents, Amérique latine, pays africains anglophones, pays africains francophones… Pour chaque groupe de pays où notre intérêt à agir est comparable, des objectifs, ainsi qu'une batterie d'indicateurs nous permettant d'évaluer les résultats de notre action, seront élaborés.

Pour mener nos opérations culturelles, nous allons aussi nous associer, autant que possible, avec des opérateurs économiques et commerciaux. Ainsi, des exportateurs français en Colombie se sont dit prêts, devant le président colombien et moi-même, à élaborer une stratégie avec nous et à participer au financement de telles opérations culturelles. Leur objectif est de valoriser leur image au-delà de la fourniture de matériel industriel : dans un tel cas, il y a bien retour sur investissement. Alors que l'Institut français n'est âgé que de trois semaines, je suis étonné du nombre des demandes de grandes entreprises internationales qui me sont adressées spontanément.

Madame Aurillac, vous avez mis le doigt sur un point très douloureux. Je suis très heureux que la Commission des affaires étrangères se soit saisie de la question de l'audiovisuel extérieur. Je souhaiterais que TV5 puisse au moins relayer nos actions, que le sigle de l'Institut français apparaisse dans ses émissions à caractère culturel, et qu'elle diffuse les modules de formation que nous allons mettre en place. Nous avons besoin de ce support, sachant que le budget de cette chaîne est sans comparaison avec la dotation de 45 millions d'euros de l'Institut français.

Monsieur Dupré, nous nous employons en effet à cibler nos objectifs. En citant successivement le cinéma, le débat d'idées, le numérique, les plateformes de formation, je n'ai fait qu'énumérer les stratégies globales énoncées par la loi. Nous ne travaillerons pas de manière identique à Singapour et au Ghana, ou encore au Sénégal. Le cadre d'action commun que nous allons construire sera décliné très différemment – le plus possible dans un cadre régional – selon les pays.

Relève aussi des compétences de l'Institut français la gestion des participations françaises aux grandes manifestations culturelles à l'étranger, comme la Biennale de Venise ou le festival du cinéma Fespaco au Burkina Faso.

Monsieur Souchet, la Russie est l'un de nos champs d'action prioritaires. Mon premier voyage ès qualités a été pour ce pays. J'ai passé trois jours à Moscou en compagnie d'intellectuels comme Julia Kristeva ou Edgar Morin pour inaugurer le festival Non Fiction, où sont présentés des traductions de livres et de débats d'idées français. Avec le ministre de la culture, ancien ambassadeur de la Fédération de Russie en France et francophone parfait, nous avons signé une convention relative au cinéma, qui s'applique dès les premiers jours de l'année 2011. Nous avons décidé de nous revoir afin de mettre au point un programme autour du livre pour les années 2012 et 2013. On trouve en Russie un véritable amour de la France, une intelligentsia impatiente de parler et de communiquer. L'an dernier, dans le cadre d'une grande opération que nous avons montée, une quinzaine d'écrivains français, parmi lesquels Dominique Fernandez et Danièle Sallenave, ont traversé la Russie en Transsibérien, en s'arrêtant à chaque étape pour parler culture française avec des intellectuels.

Monsieur Schneider, nous devons en effet être très attentifs à la langue française et à la francophonie. Nous en sommes aujourd'hui un peu dépossédés : comme son nom l'indique, l'Organisation internationale de la francophonie, présidée par l'ancien président du Sénégal Abdou Diouf, est internationale. Nous aurons à conclure un accord sur les voies et moyens avec ces organisations francophones et les alliances françaises. Cette mission devrait être mentionnée par notre convention d'objectifs et de moyens.

Madame Colot, nous continuons bien sûr à recruter des volontaires internationaux. Très nombreux sont les jeunes qui souhaitent s'investir en Afrique, dans les pays émergents et en Amérique du Sud. Nous les accueillons et les associons à notre action. Nous espérons les former et même les recruter. Les anciens VSNE (volontaires du service national à l'étranger), qui, en place du service militaire, consacraient deux ans de leur vie à l'action culturelle à l'étranger, repartaient une fois leur temps écoulé alors qu'ils avaient acquis une compétence et souhaitaient parfois poursuivre une tâche qui pouvait aller jusqu'à la direction d'un petit centre culturel. Il est dommage que nous n'ayons pas envisagé de les aider à se former, d'accompagner leurs études, de faire valider les compétences qu'ils avaient acquises – aujourd'hui, nombre d'universités proposent des mastères de gestion des institutions culturelles –, voire de les recruter.

Une fois qu'un pays ne comptera plus qu'un institut, celui-ci passera une convention avec les alliances. C'est par lui que passeront les moyens qui seront alloués à celles-ci. Un tel dispositif est incitatif et fonctionnel. Nous avons besoin des alliances : leurs acteurs sont animés d'une passion formidable ; leur réseau est infiniment plus ramifié que celui du ministère des affaires étrangères ; et on trouve des alliances françaises dans des villes de 5 000 habitants, totalement inconnues en France.

Monsieur Roubaud, les ambassadeurs ont d'abord été inquiets, voire hostiles à la nouvelle organisation. Notre ambassadeur à Berlin a même publié dans Libération un article pour indiquer qu'elle allait priver les ambassadeurs d'autorité sur le dispositif culturel de leur ambassade. Depuis, la situation s'est nettement améliorée. Nous avons réussi à démontrer aux diplomates que ce n'était pas parce que les instituts culturels locaux recevraient de l'Institut français à Paris des orientations inscrites dans des projets stratégiques et qu'ils utiliseraient de nouveaux outils qu'ils n'obéiraient plus qu'au seul Institut français et que leurs actions seraient uniformisées, quel que soit leur territoire d'implantation. Les instituts culturels continueront à rendre compte de leurs projets auprès du poste, et l'influence de l'ambassadeur sera considérable sur les choix opérés localement. Le remplacement de la Direction des relations économiques extérieures (DREE) par Ubifrance et la création auprès des ambassades de structures en dépendant avait suscité les mêmes réactions. La situation a même été plus tendue puisque Ubifrance a dû passer des contrats avec chacun des agents des anciens postes d'expansion économique à l'étranger, y compris les fonctionnaires. Les inquiétudes et les difficultés ont été levées aujourd'hui. Il faut faire confiance à la mise en place progressive du dispositif.

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