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Intervention de Bertrand Piccard

Réunion du 19 janvier 2011 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Bertrand Piccard :

Sauver la planète est profondément une question de volonté : les technologies nécessaires existent et peuvent donc être mises en oeuvre. Comment stimuler cette volonté ? Il est frappant de constater, lorsqu'on se tourne vers le passé, l'estime et l'admiration dont continuent de bénéficier tous les pionniers. Et ce rôle de pionnier, chacun peut le jouer dans ce XXIe siècle ; la volonté dont il faut faire preuve n'a d'ailleurs pas à être utopique ou désincarnée de tout intérêt personnel.

Y a-t-il eu des pressions exercées par des lobbies sur le projet Solar Impulse ? Elles n'ont jamais été ouvertes, mais il est de fait que certaines branches industrielles auraient pu, selon moi, intégrer le projet.

La libre entreprise, les lois du marché ne suffisent pas pour changer le monde, car dans notre monde mondialisé, la spéculation, la volatilité des données obligent à des interventions de compensation.

Le projet peut-il s'appliquer à l'aviation de loisirs ? Il existe aujourd'hui des sociétés de production d'avions électriques disposant d'une autonomie d'une heure.

Le secteur immobilier possède une grande rentabilité. La Deutsche Bank a su construire deux tours très bien isolées à Francfort : les économies d'énergie dans ce secteur rentabilisent les investissements bien mieux, par exemple, que ceux réalisés dans le secteur boursier, et le retour sur investissement s'y effectue sur une période de cinq années. Et l'isolation des bâtiments contribue aussi bien à la dynamisation de l'économie et de l'emploi qu'au soutien du pouvoir d'achat. Il est souhaitable cependant d'utiliser la formule des « prêts à taux zéro » plutôt que celle des subventions, qui peut créer des « bulles spéculatives ».

Pourquoi avoir recouru seulement à l'énergie solaire ? Le but était de « voler sans carburant » et le solaire était la seule manière d'atteindre l'objectif « zéro carburant ». Nous ne sommes cependant pas des monomaniaques du solaire.

Pourquoi mettre si longtemps à changer ? Il n'est jamais facile de quitter ses certitudes. Mais, en toute hypothèse, les changements viendront plus du monde politique que des scientifiques. Vous avez vous-mêmes un rôle de pionniers à jouer, en sortant des habitudes et des clivages politiques, comme l'a bien montré l'exemple du Grenelle de l'environnement, qui a profondément dépolitisé ces questions.

Pour Solar Impulse, il était important d'être présent aujourd'hui à l'Assemblée nationale, plutôt que dans quelque rencontre universitaire ou scientifique. Une idée force : nous pouvons agir dès aujourd'hui.

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