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Intervention de Jean-Claude Viollet

Réunion du 21 décembre 2010 à 16h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Viollet :

Vous avez évoqué le report de certains programmes. Ainsi la rénovation du Mirage 2000D est renvoyée à l'après-2013, ce qui remettra en cause le contrat opérationnel. Faute de rénover ces appareils, nous perdrons une capacité essentielle en avions de combat. L'emploi actuel de cet avion est en effet monomission : s'il dispose d'une capacité air-sol pour les conflits de haute intensité, il n'est aujourd'hui d'aucune utilité pour assurer la posture permanente de sécurité, par exemple. De plus, le Rafale n'étant étant équipé que du pod RECO-NG, qui permet le renseignement d'origine image, le processus de retrait du Mirage F1 CR à l'horizon 2014 nous fera perdre la capacité de renseignement électronique, ces appareils étant aujourd'hui les seuls équipés du pod ASTAC. Cela signifie que si nous ne rénovons pas a minima le Mirage 2000 D, nous serons incapables d'assurer une pénétration à basse altitude et à grande vitesse, manoeuvre indispensable pour relever l'ordre de bataille de l'adversaire et entrer en premier sur un théâtre. C'est pourquoi l'Assemblée, en accord avec le Sénat et à l'issue de longs débats, a proposé la rénovation d'un certain nombre de Mirage 2000D pour les équiper du pod ASTAC tout en envisageant une rénovation complète d'un nombre minimum d'appareils.

On nous dit que la rénovation des ravitailleurs est renvoyée à 2013, mais, rapporteur du budget de l'armée de l'air depuis quatre ans, j'entends à chaque projet de loi de finances que la décision devra être prise dans l'année. Or nous sommes à la veille de la rupture capacitaire s'agissant des C135 et des KC 135, pourtant indispensables à la composante aéroportée de notre dissuasion, et qui assurent notre capacité de projeter des avions de combat où que ce soit et pour quelque motif que ce soit, y compris depuis le Charles-de-Gaulle. C'est donc notre place dans les coalitions qui sont en jeu. Voilà pourquoi l'Assemblée a proposé l'achat en leasing de deux Airbus A 330 MRT, qui nous permettrait de disposer, pour une somme raisonnable, d'avions neufs utilisables en cargo. Dès l'arrivée des premiers A 400 M, nous pourrions faire évoluer ces A 330 en ravitailleurs, dits MRTT. Nous avons proposé dans ce but que le service industriel de l'aéronautique, le SIAé, et Airbus nouent un partenariat industriel, afin d'anticiper ces évolutions.

En ce qui concerne les drones, monsieur le ministre d'État, je souscris complètement à votre démarche. Avec mon collègue Yves Vandewalle, nous notions déjà dans notre rapport d'information sur les drones que la coopération franco-britannique devait permettre d'accomplir des progrès extraordinaires dans ce domaine. Le drone tactique Watchkeeper est une forme britannique du Hermès 450 ; nous allons fabriquer ensemble le drone MALE et nous aurons besoin de nouer des partenariats plus forts encore avec les Britanniques pour poursuivre le programme de drone de combat nEUROn, dont la première phase arrive à son terme. L'enjeu est majeur, puisqu'il s'agit de la capacité européenne de produire des avions de combat pour les vingt ou trente ans à venir.

Acheter américain d'ici là serait un renoncement stratégique et industriel. Nous devons mobiliser notre industrie autour d'un dispositif permettant de tenir jusqu'en 2018-2020 en utilisant des Harfang modernisés. Il s'agit d'un dérivé français du Héron israélien, sur lequel EADS a déjà accompli un énorme travail. On peut aller plus loin encore en négociant avec les industriels français et européens. Cela peut être l'occasion d'étendre cette coopération à nos amis allemands.

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