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Intervention de Anne-Catherine le Roux

Réunion du 15 décembre 2010 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Anne-Catherine le Roux, institutrice, membre de l'Association des enfants du don, ADEDD :

J'ai été moi aussi conçue par don de sperme. Mes parents me l'ont dit dès mon plus jeune âge et cela n'a jamais posé le moindre problème dans notre famille. Pour moi, mes parents, qui me désiraient très fortement et ne pouvaient avoir d'enfant naturellement, ont fait appel à la science. Ils m'ont toujours expliqué qu'ils ont eu recours à un don de gamètes, pas à une troisième personne.

Il est très important d'accompagner les familles. On observe en effet que les enfants conçus par don et qui en souffrent l'ont souvent appris tardivement.

Certains s'interrogent sur les motivations de leur donneur. Pour moi, elles sont évidentes : c'était une personne sensibilisée au problème de la stérilité, qui a souhaité aider un couple à avoir des enfants. La garantie de l'anonymat est certainement l'une des raisons pour lesquelles il a accepté de faire ce geste généreux et désintéressé.

Je pense qu'il est très difficile pour un père d'accepter sa stérilité. Ma famille a néanmoins réussi à s'épanouir parce que mon père a été rassuré de savoir qu'il serait mon père à part entière sans risque qu'un jour une tierce personne s'immisce dans notre vie. Désormais mère de famille, je me mets à la place de mes parents. Si mes enfants me disaient un jour qu'ils ont besoin d'un tiers pour se construire, j'aurais vraiment le sentiment d'avoir raté quelque chose dans leur éducation pour qu'on en arrive là.

Si l'anonymat est levé, je crains que les enfants ne saisissent le premier prétexte en cas de difficultés avec leurs parents, notamment à l'adolescence, pour faire appel au donneur perçu comme un tiers. Et si celui-ci, sollicité, refuse de révéler son identité, n'est-ce pas pire que de ne pas pouvoir la connaître ? Enfin, si la rencontre se passe mal ou si on ne se découvre aucune affinité avec lui, les effets ne peuvent-ils pas en être aussi très négatifs ?

Je crains aussi que la levée de l'anonymat ne fasse diminuer les dons. Pour ce qui me concerne, je suis disposée à donner des ovocytes seulement si l'anonymat est garanti. Je ne veux pas me sentir coupable de refuser de rencontrer un enfant qui me rechercherait.

Il peut être dangereux aussi pour la famille du donneur que des enfants s'immiscent soudain dans sa vie – sachant qu'il peut y en avoir jusqu'à huit.

Pour moi, un donneur agit par pure générosité et n'attend aucun retour.

Si l'anonymat du donneur n'avait pas été garanti, mes parents m'auraient probablement caché mon mode de conception. Ma mère se sent coupable de penser cela car elle sait combien les secrets de famille sont dévastateurs. Mais elle aurait quand même préféré se taire plutôt que de savoir qu'à ma majorité, j'aurais pu rechercher mon donneur.

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