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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 24 novembre 2010 à 9h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Je ne me livrerai pas à une analyse géopolitique. Je dirai simplement que je suis plus pessimiste que vous, monsieur Lalonde, et que mes collègues qui se sont exprimés, alors même qu'aucun d'entre vous ne s'est montré vraiment optimiste.

Le changement climatique est incontestablement un thème dont la mode est passée. La raison n'en est pas seulement l'année de la biodiversité ou le net regain du climato-scepticisme outre-Atlantique. Des forces politiques et économiques sont à l'oeuvre. De grands groupes, comme Exxon, ont versé des sommes considérables à des scientifiques – ou prétendus tel – pour qu'ils expliquent que le changement climatique n'était pas si grave, pour qu'ils mettent même en doute son origine anthropique. Là où elle existe, en Europe et aux Amériques, l'opinion publique peut être manipulée. Elle l'a été. Que pensez-vous du contre-feu allumé par des industriels qui n'ont aucun intérêt à un accord international juridiquement contraignant sur le climat ?

Le cadre onusien, non sans opacité et d'un juridisme extrême, vous semble-t-il toujours approprié quand certains pays, comme la Chine et les États-Unis, sont tentés de négocier de façon bilatérale ? Il faut agir sans attendre indéfiniment leur accord, d'autant qu'aux États-Unis, après l'échec du projet de loi Kerry-Boxer, le revers subi par le président Obama aux élections de mi-mandat ne peut que retarder les progrès. Pionnière, l'Europe doit faire preuve d'audace et s'imposer comme locomotive dans la lutte contre le changement climatique en prenant des engagements concrets de réduction de ses émissions de GES.

Que faire pour mettre fin aux échappatoires constatées dans la comptabilisation de la contribution des forêts à la réduction des émissions de CO2 ? La négociation est assez avancée pour le programme REED, mais les choses sont moins claires avec l'UCF, le mécanisme carbone polyvalent, dans lequel il est difficile de connaître l'affectation des terres.

L'écart grandit entre les prévisions du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et les engagements des États. La convention-cadre de Rio était satisfaisante par rapport aux prévisions du GIEC à l'époque, mais les experts alertent aujourd'hui sur le caractère non linéaire des évolutions, qui interdit une extrapolation proportionnelle. Ils appellent à réduire les émissions de 40% à l'horizon de 2020, alors que les pays de l'annexe 1 ne sont engagés qu'à hauteur de 20%. La France et l'Union européenne sont-elles prêtes à affirmer un objectif de 30% pour 2020, comme l'a fait la Norvège ? La possibilité avait été envisagée à Copenhague sans recevoir de suite.

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