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Intervention de Pascal Liu

Réunion du 13 octobre 2010 à 16h15
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Pascal Liu, Economiste à la division du commerce international et des Marchés de la FAO :

Je voudrais revenir un instant sur le thème du commerce équitable qui peut être un instrument de développement mais peut être complété par l'aide publique, compte tenu de ses limites : un marché très étroit (1 % des produits agricoles seulement), et pas de moyens pour réduire les contraintes structurelles auxquelles les agriculteurs des PVD sont confrontés en amont comme le manque de formation, d'assistance technique, d'accès au crédit…

Le commerce équitable n'est pas une solution pour tous : en effet, sur 2,5 milliards d'actifs agricoles, il n'y a qu'un million d'actifs dans les PVD bénéficiaires du commerce équitable.

Alors comment le commerce équitable et l'aide au développement peuvent-ils se compléter ? Il y a trois niveaux d'action. D'une part, au niveau national, l'aide publique doit aider les gouvernements des PVD à mettre en oeuvre de bonnes politiques agricoles et commerciales afin de réduire les contraintes structurelles qui pèsent sur l'agriculture.

D'autre part, en ce qui concerne l'aide multilatérale, la FAO a mis en oeuvre un projet pilote dans les années 2005-2009 pour aider les États à renforcer les organisations des paysans et accroître leur possibilité de mettre en place des filières d'exportations bioéquitables. Il s'agit de soutenir des partenariats multi-acteurs par secteur, filière par filière, fondés sur la participation de tous les acteurs, sur le dialogue et la coopération, et sur la juste rémunération de chaque acteur, verticale et horizontale.

Le « forum mondial de la banane », animé par la FAO, est un exemple réussi sur le terrain de collaboration entre des organisations de producteurs, des entreprises, des syndicats, des multinationales, des chercheurs, la grande distribution, des ONG et d'autres représentants de la société civile. Les objectifs visent à arrêter le nivellement par le bas et la destruction de l'environnement, à favoriser l'adoption de normes volontaires durables au niveau mondial, à réduire les déséquilibres dans les filières, en particulier vers l'amont, enfin à internaliser les coûts pour la société et l'environnement. A la différence de certains autres réseaux multi-acteurs, le Forum mondial de la banane ne se limite pas à être un espace de discussion mais met en oeuvre des projets concrets sur le terrain.

Enfin, dans le cadre des normes multilatérales, la « hiérarchie » des accords pose problème : dans la pratique, les accords de l'OMC ont des mécanismes d'application plus contraignants que d'autres accords internationaux. De plus, il y a une asymétrie entre les pays en matière de budget de soutien à l'agriculture et de productivité agricole. La compétition commerciale entre les PVD et les pays du Nord ne se joue pas sur un pied d'égalité. La participation des acteurs les plus faibles dans les accords internationaux pose problème à cause de leur manque de moyens pour peser dans les négociations.

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