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Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 13 octobre 2010 à 16h15
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, Président de la commission des affaires étrangères :

C'est sans doute d'une grande banalité aujourd'hui de souligner que la mondialisation a entraîné des changements profonds, durables, et que les répercussions des crises et des récessions sur les conditions de vie de millions d'habitants des pays en développement, notamment, sont d'une ampleur sans précédent. Mais pourtant, comment mieux introduire le sujet qui nous rassemble cet après-midi qu'en rappelant certaines vérités essentielles qui étaient encore à l'ordre du jour du sommet des OMD il y a quelques semaines à New York.

Chacun se souvient des émeutes de la faim de 2008 qui avaient éclaté sur la plupart des continents, de l'Egypte à Haïti, du Cameroun aux Philippines, et qui sont venues rappeler aux pays industrialisés la réalité quotidienne de populations entières subissant de plein fouet les effets des hausses de prix des produits alimentaires de première nécessité. Les causes en ont été multiples et cumulatives : sécheresse ici, croissance démographique là, coûts énergétiques, diminution des excédents, politiques agricoles, aussi, dans les pays de l'OCDE. Sans doute aussi, le fait que les agricultures des pays du sud n'étaient plus au centre des préoccupations des politiques d'aide au développement depuis longtemps.

Quoi qu'il en soit, si le lit de la crise s'est creusé sur une longue durée, ses effets ont été tels qu'ils ont brutalement remis en cause certaines des avancées réalisées en vue d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. En quelques mois, des dizaines de millions de personnes qui peinaient à en sortir ont de nouveau basculé vers la grande pauvreté.

Certes, les gouvernements, les institutions internationales et les organisations de solidarité ont su se mobiliser dans l'urgence et ils ont montré leur forte capacité de réaction. Certes, au-delà du traitement des situations d'urgence, cette année 2008 aura aussi été d'une certaine manière décisive, peut-être historique, compte tenu de l'importance des rencontres internationales qui ont été organisées : à Rome, tout d'abord, pour donner une réponse immédiate à la crise alimentaire ; à New York ensuite, sur les OMD ; puis à Accra, en septembre, sur l'efficacité de l'aide et enfin à Doha en novembre sur les financements de l'aide. D'une certaine manière, c'est l'ensemble des questions qui aura ainsi été traité en quelques mois pour donner à la communauté internationale un nouvel élan, pour relancer la dynamique nécessaire à la réalisation des OMD d'ici à 2015.

Malgré tout, aujourd'hui encore, un milliard de personnes se trouvent actuellement en situation d'insécurité alimentaire et de malnutrition. Un milliard de personnes qui souffrent aujourd'hui de la faim, un chiffre sans précédent.

Mais ce n'est pas seulement le niveau des transferts financiers de l'aide qui est en débat désormais. Le bilan des OMD à mi-parcours était déjà trop mitigé pour qu'on s'en satisfasse. Si l'aide publique au développement reste indispensable pour accompagner sur la voie de leur développement les pays du Sud, elle est sans doute aujourd'hui à la croisée des chemins et des enjeux.

La coordination des acteurs, la cohérence des politiques publiques sont des aspects essentiels, tout comme l'appropriation des projets par les bénéficiaires eux-mêmes ; ce sont des relations de partenariat qui doivent s'instaurer entre les acteurs, qu'ils soient donneurs ou bénéficiaires, étatiques, institutionnels, privés, publics, ONG ou fondations. Elles ont pris ces dernières années une importance croissante et conditionnent la qualité et l'efficacité de l'aide fournie.

En d'autres termes, la recherche de nouveaux modèles est aujourd'hui indispensable pour que l'aide au développement, quelles que soient ses modalités, réponde enfin aux attentes qu'on met en elle : cinquante ans après les indépendances africaines, le bilan global n'est pas si glorieux. De nouvelles voies doivent être explorées, alternatives ou complémentaires de l'aide officielle pour donner toutes ses chances au développement.

C'est la raison pour laquelle, avec Christian Jacob, nous avons souhaité profiter de la semaine mondiale de l'alimentation et de la venue en France du Père Francisco Van der Hoff, pour organiser cette rencontre commune à nos deux commissions sur le thème : « Repenser l'aide au développement : les crises imposent-elles la recherche de nouveaux modèles ? » en tirant profit de l'expérience du commerce équitable.

Nous avons voulu donner deux axes à notre réflexion cet après-midi. D'une part, montrer comment il est possible d'essayer de corriger certains déséquilibres inhérents à l'économie libérale mondialisée et peu régulée, pour assurer une répartition plus équitable de la valeur dans le monde. En cela, l'exemple du commerce équitable et d'autres formes de partenariat entre acteurs économiques sera très éclairant. Ensuite, réfléchir à la question de l'aide publique au développement, bilatérale et multilatérale, dans cette perspective.

Pour traiter de ces thèmes, deux tables rondes ont été organisées. La première, réunie notamment autour du Père Francisco Van der Hoff, dont je salue la présence parmi nous, débattra du modèle de commerce équitable qu'il a inventé et des garanties qu'il apporte aux producteurs des pays en voie de développement. La seconde, sans doute d'un caractère plus institutionnel, réfléchira sur les évolutions envisageables de l'aide au développement. Je voudrais notamment souligner que participera à cette deuxième table ronde Jean-Paul Bacquet, membre de la commission des affaires étrangères, qui préside actuellement une Mission d'information que la commission a constituée il y a quelques mois, sur l'équilibre entre le multilatéralisme et le bilatéralisme au sein de notre APD.

Je laisse maintenant la parole à notre animateur pour vous présenter l'ensemble de nos invités et introduire la première table ronde.

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