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Intervention de Alain Bocquet

Réunion du 9 novembre 2010 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 projet de loi de finances pour 2011 — Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bocquet :

Ces profits, dopés par les fonds publics, ont été multipliés par deux en un an, s'établissant à 41,5 milliards d'euros au premier semestre 2010, soit une augmentation de 85 %. BNP-Paribas et la Société Générale engrangent des milliards chaque semestre, grâce à de l'argent public acheté au taux de 1 % à la Banque centrale européenne et revendu à 5 %, 6 % ou 10 %. Total, dont les bénéfices ont augmenté de 72 % au deuxième trimestre 2010, liquide la raffinerie des Flandres à Dunkerque, au mépris de l'intérêt national et des 1 000 emplois directs et indirects concernés.

De la métallurgie à la chimie et à l'agroalimentaire, aucun secteur n'est épargné. La filière du ferroviaire est en pleine crise, et l'actualité confirme les difficultés des sous-traitants de l'automobile, où 50 000 emplois sont menacés, ce qui nous place d'ores et déjà face à une crise majeure.

La croissance est en berne sous le quadruple effet du maintien d'un haut niveau de chômage, de l'explosion des profits, d'une politique inopérante et sans contrôle d'aides aux entreprises – qui s'élèvent à 65 milliards d'euros alors que le CAC 40 dispose d'une trésorerie de 146 milliards –, et d'un fonctionnement prédateur du crédit bancaire, que seule la création d'un pôle public financier et de fonds régionaux pour l'emploi permettrait de réguler.

Aucun de ces enjeux prioritaires n'est soutenu dans ce budget, dont les crédits en très légère hausse bénéficient en fait de l'augmentation de 160 millions d'euros des dépenses de fonctionnement du programme « Stratégie économique et fiscale ». En réalité, le budget subit une diminution, étalée jusqu'en 2013 – 40 millions d'euros –, sidérante Bérézina budgétaire, à l'heure où tous les feux sont au rouge, y compris pour le commerce extérieur, qui est en déficit. En outre, une inflation à 2 % corrodera un peu plus ces crédits insuffisants.

Les programmes « Développement des entreprises et de l'emploi » et « Tourisme » perdent respectivement 45 et 7 millions d'euros. Quant au programme « Auto-entrepreneur », il perd 45 millions – 80 en 2013. L'expérience confirme nos mises en garde, puisque la moitié des créations d'auto-entreprises est le fait de chômeurs auxquels MEDEF et Gouvernement ne proposent que cette fuite en avant, pour un « salaire » moyen de 750 euros net et un dénuement total en cas d'échec.

Je ne reviendrai pas sur le bonneteau de la TVA à 5,5 % dans la restauration. Trois milliards par an pour 50 000 emplois – soit 5 000 euros d'aides publiques par emploi et par mois – et une baisse des prix demeurée un voeu pieux : l'efficacité économique et l'utilité sociale sont, là aussi, aux abonnés absents.

Par ailleurs, toutes les actions du programme « Tourisme » sont en baisse. À quoi sert d'avoir fait voter une loi en faveur de son développement ? Les programmes « Image de la France » et « Tourisme social » sont sacrifiés, les dotations pour « l'accès aux vacances » sont en chute libre et l'Agence nationale pour les chèques-vacances est privée de moyens d'agir.

Face à la situation catastrophique de l'économie, Natixis balaie vos prédictions bonimenteuses et prévoit « une crise longue [...] dans la zone euro ». Dans cette crise, il manque la main ferme de l'État face aux marchés, aux banques et au MEDEF. Les députés communistes et du parti de gauche voteront donc contre ce budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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