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Intervention de Jean-Paul Bacquet

Réunion du 3 novembre 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Bacquet, rapporteur pour avis :

En préambule, je souhaite m'associer aux critiques à l'encontre du système des commissions élargies. Cette année, les conditions d'un débat vivant et constructif n'étaient pas vraiment réunies et je le déplore.

Le déficit du commerce extérieur de la France, qui atteignait 56 milliards d'euros en 2008, s'est amélioré en apparence en 2009 à 44 milliards d'euros. Mais il faut en ôter le secteur de l'énergie. Le solde hors énergie est passé de – 12 milliards d'euros en 2008 à – 17,5 milliards d'euros en 2009. Pour les six premiers mois de 2010, il s'établit à – 7 milliards d'euros. En comparaison, l'Allemagne a réussi à inverser une tendance de – 18 % l'an dernier pour retrouver une croissance de ses exportations de 20 % cette année, soit 38 % de variation, dans le même contexte conjoncturel et énergétique que le nôtre et avec la même parité euro dollar. Par conséquent, pour la France, l'explication par la conjoncture n'est pas la bonne, même si les difficultés conjoncturelles ne sauraient être méconnues.

Le marché mondial s'est contracté l'an dernier de 12 % ; mais cette année, la tendance est à la hausse, de l'ordre de + 5 % sans amélioration de notre solde. Le problème est bien plutôt structurel. En particulier, les exportations françaises reposent à 94 % sur de grands groupes. La France compte trop peu d'entreprises exportatrices et de surcroît, trop d'entre elles n'exportent que durant une année ; or c'est la persévérance qui est payante en ce domaine.

Dans ce tableau sombre, je veux toutefois mentionner un point très positif : la réforme ayant conduit à la création d'Ubifrance est un grand succès ; cette véritable réussite a d'ailleurs remobilisé certaines chambres de commerce. Les entreprises, qui s'estimaient parfois insuffisamment écoutées par les missions économiques dans leur ancien format, se disent toutes très satisfaites d'Ubifrance aujourd'hui.

Par contraste, toutes sont mécontentes de l'action de la Coface. Cet établissement qui engrange de confortables profits grâce à ses activités privées – qui représentent 95 % de son activité –, ne remplit pas son rôle pour les 5 % restants, qui consistent à apporter aux entreprises exportatrices la garantie de l'État. Lors de la commission élargie, Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, a exprimé son désaccord sur ce point mais je persiste et signe, et je publierai in extenso les propos tenus en audition par le directeur de cet établissement, qui faisait fort peu de cas, eu égard aux généreux profits de la Coface, de sa mission assumée pour le compte de l'État. C'est la raison pour laquelle je préconise le transfert de la mission de garantie publique à Oseo, qui travaille bien plus à l'écoute des entreprises.

Je veux aussi signaler des disparités territoriales dans les performances du commerce extérieur français, qui reflètent le degré d'implication variable des exécutifs locaux. Parmi les « bons élèves », je citerai le Nord-Pas-de-Calais, la Haute- et la Basse-Normandie, Rhône-Alpes, la Bourgogne ou les Pays de la Loire. En revanche, la Bretagne pourrait progresser.

Enfin, les développements géographiques de mon rapport portent cette année sur l'Allemagne. Je le répète : ce pays a su passer d'une tendance des exportations de – 18 % l'an dernier à + 20 % cette année. Cela s'explique notamment par l'existence d'un tissu de PME beaucoup plus dense qu'en France. Cela s'explique également par la bonne santé financière des PME allemandes exportatrices, qui contraste avec la faiblesse de la trésorerie des entreprises françaises, lesquelles ne se tournent généralement vers l'exportation qu'en cas de difficulté sur leur marché domestique.

En outre, les entreprises allemandes ont clairement fait le choix de l'excellence dans un secteur précis, ce qui est l'assurance de parts de marché impressionnantes à l'échelle mondiale : 60 % pour une seule entreprise dans le domaine des compresseurs, par exemple. Enfin, l'accent mis sur la recherche et développement est très important outre-Rhin. Voilà autant d'atouts dont nous devrions, me semble-t-il, nous inspirer en France.

La commission émet alors un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission Économie (commerce extérieur) pour 2011.

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