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Intervention de Cristina Lunghi

Réunion du 5 octobre 2010 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Cristina Lunghi, présidente-fondatrice d'Arborus :

Je conviens avec vous que les chambres des métiers et les chambres de commerce et d'industrie ne jouent pas leur rôle, en dépit de la Charte de l'égalité que Nicole Ameline leur avait fait signer en 2004. A leur décharge, et cela rejoint votre propos, on ne peut pas communiquer si l'on ne sait pas sur quoi l'on communique.

Or le problème de l'égalité professionnelle est qu'elle n'est pas bien définie. Souvent, les entreprises mélangent le sujet avec d'autres – égalité des chances, diversité. Seules les personnes qui travaillent véritablement sur la question en comprennent les enjeux. En tant qu'association et réseau d'entreprises, nous demandons depuis des années au Gouvernement de concevoir un outil de communication grand public, mais malheureusement il tarde à venir, et l'on entend très peu parler de ces sujets.

La problématique familleentreprise renvoie à la notion de parentalité. La fameuse Charte de la parentalité, qui a été médiatisée à l'extrême, n'a pas servi la cause de l'égalité professionnelle. On a parlé des parents, des nouveaux pères, des crèches, ce qui est très bien, mais le sujet de l'égalité s'en est trouvé occulté. Cela a même conduit à des dérives, par exemple à la demande de création de réseaux d'hommes dans les entreprises, à l'instar des réseaux de femmes – qui, elles, ont besoin d'être en réseau parce qu'il leur faut s'intégrer dans un milieu extrêmement masculin.

Il faut appréhender la parentalité comme on l'a fait pour le label Égalité, et non en se focalisant sur les crèches ou les services de conciergeries. Il faut être conscient qu'une crèche d'entreprise ne concerne qu'à peine 2 % des salariés et coûte très cher – en général, les deux tiers du budget ressources humaines. Il s'agit d'un service « facilitateur », mais il ne concerne pas l'égalité entre les femmes et les hommes. En revanche, un moyen d'avancer vers cette égalité serait de dédramatiser la notion de parentalité : aujourd'hui en France, c'est un drame d'être parent… Il n'est pas normal qu'une femme n'ose pas annoncer qu'elle part en congé de maternité, ou revenir de son congé de maternité, ou dire qu'elle a un enfant malade. Il est déplorable que des femmes passent leur congé de maternité à chercher une solution de garde.

La seule façon d'améliorer la situation est de travailler sur l'organisation et les conditions de travail. On a tendance, dans notre pays, à confondre la performance et la présence. Or cette façon de travailler écarte la grande majorité des femmes. Celles qui restent se fondent dans le modèle masculin, dont elles adoptent les codes et elles ne sont pas suffisamment nombreuses pour imprimer leur marque et faire changer les systèmes d'organisation. Pourtant, c'est à ce niveau qu'il faut agir ; c'est bien la mise en place des « chartes des temps » dans les entreprises, par exemple pour interdire les réunions après 18 heures, qui met les femmes et les hommes à égalité pour aller chercher les enfants à l'école et leur faire faire leurs devoirs.

L'entreprise Dell a mis en place un système de coaching parental, pour apprendre aux parents à passer du monde du travail à celui de la maison et à aborder plus sereinement leur fin de journée avec les enfants – et on constate que c'est très utile. On propose aussi dans certaines entreprises des stages de communication non violente – ce qui prouve que la famille, qui devrait être source de quiétude, ne l'est pas pour tous.

Dans une grande entreprise où je fais chaque année un audit, j'ai pu constater qu'aujourd'hui, le congé de maternité ne fait plus peur aux femmes. Cela montre bien que si l'on met en place une politique, on obtient des résultats.

Mme la présidente Marie-Jo Zimmermann. Comment encourager les entreprises ?

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