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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 6 octobre 2010 à 17h00
Commission d'enquête sur les mécanismes de spéculation affectant le fonctionnement des économies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

La seule signification du sigle AAA est en fait « Amateur d'Andouilles Authentiques » dès lors que la corrélation n'est pas aussi forte que jadis entre la note et le spread comme nous le voyons par exemple avec l'Espagne ou même la France. Je rappelle, en outre, que les banques qui ont fait faillite étaient fort bien notées.

Par ailleurs, la crise venue des États-Unis a d'abord été immobilière puisque les banques de ce pays ont accordé des crédits remboursables sur cinquante ans à des personnes qui répondaient à l'acronyme « NINJA », No Incom, No Job or Asset. Parce que les prix étaient censés augmenter, on a fabriqué pour les deux géants du crédit hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, 6 000 milliards de dollars garantis par le Trésor public, soit la moitié du PIB annuel !

S'agissant du secteur pétrolier, je partage votre analyse, Monsieur Touati. Au mois de novembre 2008, j'avais remarqué ici même que si la corrélation entre l'offre et la demande était inexistante dans la fluctuation du prix du baril entre 150 et 70 dollars, elle l'était en revanche sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) dès lors que 80 % des acteurs du marché n'entretenaient aucun lien avec le secteur pétrolier lorsque le prix était à son maximum. Ces derniers avaient alors besoin de liquidités en raison des erreurs qu'ils avaient faites ailleurs, puis ils se sont retirés brutalement et le marché est revenu au prix d'équilibre de 70 dollars tel que l'Agence internationale de l'énergie a défini ce dernier.

Enfin, je note que si les crises d'antan étaient sans doute mal gérées, elles avaient des vertus purgatives et je ne suis pas certain que l'injection de masses monétaires telle que nous la pratiquons aujourd'hui soit un remède adapté. Alors que les banques centrales s'apprêtent à se lancer dans du quantitative easing en achetant des centaines de milliards de dollars de bons du Trésor à des taux qui sont sans rapport avec le marché, je ne peux que constater que les problèmes sont loin d'être réglés et que l'inflation n'est pas tant redoutée que l'on veut bien le dire. La BCE a ainsi injecté sur le marché 1 000 milliards de dollars au taux de 1 % ; après un premier remboursement, elle a réinjecté une somme équivalente et elle s'apprête à acheter de nouveaux bons du Trésor ; la Federal Reserve (FED) a quant à elle fait de même et a doublé son bilan en deux ans. Comment la spéculation pourrait-elle cesser dans ces conditions ?

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