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Intervention de Marc Touati

Réunion du 6 octobre 2010 à 17h00
Commission d'enquête sur les mécanismes de spéculation affectant le fonctionnement des économies

Marc Touati, directeur général délégué de Global Equities :

En guise de préambule, j'insiste sur le fait que nous avons connu une crise sans précédent depuis celle des années trente, tout en ayant su éviter le pire, même si tout le monde n'en est pas encore convaincu. J'ajoute que les crises sont inhérentes au capitalisme et que la suppression de la spéculation relève quant à elle d'un voeu pieux, à moins de prétendre vouloir clôturer définitivement l'ensemble des marchés financiers.

(M. Marc Touati présente et commente les tableaux annexés au compte rendu.)

Si, depuis 2000, les crises se sont succédé – krach Internet, 11-Septembre, Enron, WorlCom… – la planète n'a pas pour autant arrêté de tourner. La crise des subprimes, plus particulièrement, résulte d'une succession d'erreurs – et pas uniquement de malversations –, dont la principale a été de laisser Lehman Brothers faire faillite du jour au lendemain, générant ainsi un mouvement de panique global dont nous faisons encore aujourd'hui les frais.

Par ailleurs, l'évolution de l'indice Dow Jones – lequel reflète la croissance mondiale – au cours des quatre dernières grandes crises, soit celles du krach de 1929, de la crise pétrolière, de la crise dite des NTIC ou de la « bulle Internet » et, enfin, de la crise actuelle, montre que le 9 mars 2009 nous nous situions exactement dans la configuration de 1929 sans toutefois que des erreurs comparables aient été commises : je songe, en particulier, à l'abandon des banques à la faillite, au refus de baisser les taux d'intérêt et à l'absence de plan de relance. Nous avons donc toutes les raisons de penser que nous nous apprêtons à renouer avec les fondamentaux économiques.

En outre, il est notable que, pour la première fois dans l'histoire récente, la récession touche les pays riches et non les économies émergentes telles que la Chine, l'Inde ou le Brésil. Les États-Unis et l'Europe jouent les seconds rôles ! Il s'agit là d'un élément important puisque la puissance économique implique un pouvoir financier, et donc spéculatif, qu'il est d'autant plus difficile de maîtriser qu'il s'exerce géographiquement très loin de nous.

Autre élément essentiel : contrairement à ce que l'on croit de prime abord, la bourse suit l'évolution de la croissance mondiale et reflète donc les réalités économiques. Tôt ou tard, la réalité des marchés rejoint l'économie réelle, les « bulles » spéculatives constituant en définitive des phases temporaires.

Le problème majeur, depuis la dernière crise, demeure, selon moi, notre manque de visibilité, lequel engendre un mimétisme de mauvais aloi : ce sont alors les animal spirits ou « instincts animaux » qui prédominent, suscitant des phénomènes spéculatifs beaucoup plus facilement qu'en période de croissance forte– cela explique d'ailleurs les raisons pour lesquelles nous nous sommes fait « balader » et « arnaquer ». Je prends l'exemple du pétrole. Nous savons qu'il existe une corrélation entre la croissance mondiale et le prix du baril, l'un et l'autre augmentant de concert. En toute logique, l'inverse devrait être également vrai ; or, en 2008, année de la crise, le baril flamba jusqu'à 150 dollars.

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