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Intervention de Christian de Boissieu

Réunion du 6 octobre 2010 à 18h00
Commission d'enquête sur les mécanismes de spéculation affectant le fonctionnement des économies

Christian de Boissieu, professeur à l'université de Paris I :

Cela me choque aussi, mais il s'agit des CDS souverains, qui posent des problèmes particuliers parce qu'ils accentuent les écarts et creusent les spreads. C'est à cause de l'effet boule-de-neige de ces CDS souverains que la Grèce a des taux à dix ans supérieurs à 10 % alors que l'Allemagne est à 2,3 %. Le reste des CDS ne pose que des problèmes de transparence. Il faut donc deux types de propositions différentes, avec des mesures particulières pour les CDS souverains.

Du reste, la Banque des règlements internationaux ne dit pas combien représentent les CDS souverains dans l'ensemble des CDS. Ce n'est pas la seule lacune de notre information. À l'occasion de notre travail sur les marchés agricoles, j'ai essayé pendant deux mois de trouver des chiffres sur les marchés OTC des instruments dérivés agricoles : les banques ne m'en ont pas donné, les données du site de la CFTC américaine me paraissent incompréhensibles et la BRI n'a qu'une seule ligne pour l'ensemble des marchés des matières premières. Elle dispose pourtant des données séparées : il faut lui demander de les communiquer.

Pour ce qui est de la dette souveraine, je suis bien persuadé qu'elle constitue une bulle. Un krach obligataire se prépare, qui n'aura peut-être pas lieu en 2010 ni en 2011 mais qui est inévitable, étant donné l'accumulation d'investissements sur les titres d'États considérés comme sans risques tels que les Etats-Unis, la France ou l'Allemagne. Elle se traduira par une remontée des taux d'intérêt à long terme dans le monde.

Enfin, ces bulles ont un coût social important, d'abord lorsqu'elles se forment, parce que l'économie peut s'emballer, et surtout lorsqu'elles explosent. La chute de l'immobilier et des marchés actions pèse sur la consommation des ménages, mais de façon très inégalement répartie en fonction des catégories socioprofessionnelles. Les économistes sont conscients de ces coûts, mais encore loin de pouvoir les quantifier. Ils savent quels sont les effets d'une hausse ou d'une baisse de la bourse ou de l'immobilier sur la consommation des ménages, mais votre question va plus loin : c'est celle du coût social de cette instabilité.

Pour conclure, je crains qu'on continue de passer d'une bulle à l'autre et j'espère que la combinaison de politiques monétaires plus adaptées et de politiques prudentielles plus resserrées permettra d'en restreindre l'ampleur et d'en réduire le coût.

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