Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 11 octobre 2010 à 16h00
Régulation bancaire et financière — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

En écoutant la brillante démonstration de Christian Eckert – j'aurais d'ailleurs certainement pu faire la même (Sourires) – je me disais qu'il était formidable d'écouter M. le rapporteur et Mme Lagarde.

Mme la ministre a inventé un genre nouveau. Elle sait bien que, sous ce régime de l'empereur Nicolas Sarkozy – encore qu'il imagine, je crois, se reconvertir en chanoine, avec ses voyages répétés au Vatican –, un ministre n'avait pas beaucoup de pouvoir. Elle s'exerce donc à l'art difficile du ministre moraliste, rappelant La Fontaine ou La Bruyère.

Mais, madame la ministre, avec toute l'estime que j'ai pour vous, il y avait chez notre bon Jean de La Fontaine une dimension critique très forte ; vous, vous êtes plutôt dans l'adulation, dans la révérence. Il en va d'ailleurs de même de notre rapporteur : homme fort aimable, chacun le sait, il a de l'ambition, il a de l'admiration pour les privilégiés, de l'esprit de soumission aussi ; pour leurs victimes, il a de la compassion.

Dans ce projet de loi, il n'y a effectivement pas grand-chose. Vous dites que vous avez pris la mesure de la crise « dès l'origine ». Quand on voit le pétrin dans lequel nous sommes, on se dit : heureusement, sinon, où en serions-nous ?

Je dis cela pour les jeunes qui sont dans les tribunes, et pour les gens qui nous regardent : il faut toujours expliquer pour que nos concitoyens comprennent. En réalité, le Gouvernement fait semblant. C'est du théâtre ! On fait semblant, après la crise de septembre 2008, de prendre des mesures ; en réalité, on ne fait rien du tout, comme Christian Eckert et Pierre-Alain Muet viennent de le montrer.

On met en place un comité consultatif – j'imagine qu'on y servira le thé lors de réunions à dix-sept heures : consultatif, cela veut dire qu'il n'aura aucun pouvoir. On va encadrer les agences de notation, mais elles vont continuer de faire leur petite salade entre elles.

L'Autorité des marchés financiers détiendra des pouvoirs de transaction, dites-vous. Que de mauvais souvenirs cela nous rappelle ! Souvenez-vous : au moment de l'affaire des Caisses d'épargne, selon l'AMF, certains actes commis relevaient certainement du pénal. Quelles suites cet avis a-t-il connu ? Aucune, car il y a eu des arrangements entre copains et coquins.

Vos propositions permettront que tout continue comme avant, comme lors de l'affaire du tribunal arbitral dont a largement bénéficié M. Tapie, avec nos sous, c'est-à-dire avec l'argent du contribuable.

En ce lundi après-midi, nous sommes réunis pour rien : rien ne changera, même si vous essayez d'en créer l'illusion. Le président Sarkozy, à la sortie du cinéma… (Sourires.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion