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Intervention de Jean Mallot

Réunion du 10 septembre 2010 à 9h30
Réforme des retraites — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Mallot :

Je vois que vous commencez à prendre conscience de ce qui se passe dans notre pays.

Une fois n'est pas coutume, je vais faire plaisir à M. le rapporteur, en m'appuyant sur son rapport. Je l'ai lu avec une grande attention car on y trouve beaucoup de choses intéressantes. Cette mesure de report d'âge est importante pour M. Sarkozy, je l'ai dit, mais également pour le rapporteur. Ainsi, dès les premières pages de son rapport, page 23, il annonce « une réforme nécessaire et ambitieuse ».

Nous ne contestons pas qu'une réforme soit nécessaire compte tenu de la situation de l'économie française, résultat de la politique que vous menez depuis au moins huit ans. Cela dit, nous trouvons qu'elle n'est guère ambitieuse. En effet, à l'horizon 2018, il faudra recommencer le travail et, d'ici là, du fait de votre réforme, le Fonds de réserve pour les retraites aura été dilapidé, ce qui rendra les choses encore plus difficiles.

La façon dont la question des soixante-deux ans est abordée par M. Jacquat dans son rapport est intéressante. Il s'agit, selon lui de « faire sauter le tabou des soixante ans ». Voilà une curieuse formulation pour un rapport parlementaire. La formule est peut-être même un peu militante. Pourquoi ne pas « dynamiter » le tabou des soixante ans, tant qu'on y est ? On voit bien quelle démarche politique est à l'oeuvre. M. Pierre Méhaignerie qui était tout à l'heure dans l'hémicycle parlait des 35 heures. Vous ne les avez pas fait « sauter » les 35 heures ; vous les avez contournés avec les mesures de défiscalisation des heures supplémentaires, et en modifiant le mode de calcul de la durée du travail. M. Dord est spécialiste de la question, il sait parfaitement de quoi je parle.

Vous avez aussi été tentés de faire « sauter » l'impôt de solidarité sur la fortune, mais là encore, vous avez choisi de contourner l'obstacle. Le bouclier fiscal a été créé pour cela : pour compenser l'ISF auquel vous ne vouliez pas vous attaquer directement.

Mais cette fois, bille en tête, vous vous en prenez à la retraite à soixante. C'est votre objectif, à la fois pour préparer 2012, pour satisfaire le MEDEF, et pour donner des gages aux marchés financiers. M. Copé et M. Woerth, hier, ont confirmé qu'il s'agit bien de répondre à la crise, et vous avez choisi de faire payer la facture de cette crise à ceux qui sont les premiers à en souffrir.

Finalement, vous repoussez de deux ans le paiement des retraites. La mesure d'âge est donc l'un des éléments clés du véritable plan de rigueur que vous nous proposez. C'est logique, en décalant de deux ans le paiement des retraites, en faisant attendre les gens, vous allégez la charge des caisses de retraite. Cette arithmétique est à la portée de tous.

Mais quels seront les effets de cette mesure ? Les deux tiers des personnes qui atteignent soixante ans n'ont pas d'emplois, elles devront donc attendre tandis que, mécaniquement, le montant de leur retraite baissera. Hier, le Premier ministre, a annoncé la création d'une nouvelle forme d'allocation équivalent retraite.

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