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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 7 juillet 2010 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Hervé Morin, ministre de la défense :

Les Européens ont donné un accord de principe pour mener un certain nombre de recherches et d'études afin de participer, en nature, au programme de défense anti-missiles. Selon les estimations initiales, le coût de la première étape de l'édification de la défense anti-missiles, qui est celle d'une participation à l'architecture du commandement et du contrôle, pourrait rester supportable pour la France sur six ans.

Toutefois, la défense anti-missiles soulève des questions plus fondamentales. Contre qui serait-elle tournée ? Contre quels types de vecteurs ? Vise-t-on seulement les pays équipés d'un armement nucléaire rustique ? Vise-t-on également les puissances nucléaires majeures ? Dans ce cas, aucun bouclier anti-missiles n'est aujourd'hui capable d'arrêter les armes de ces puissances. Dans l'histoire de l'humanité, le glaive l'a toujours emporté sur le bouclier – souvenons-nous de la ligne Maginot.

Par ailleurs, qui posséderait la clé du dispositif ? On n'imagine pas un seul instant que ce ne soit pas les Américains : ils détiennent l'essentiel de la capacité budgétaire nécessaire pour réaliser un tel système, ils en créent l'architecture et ils assurent la sécurité de l'Europe avec leurs propres moyens.

Enfin, à quel niveau ? Entre la défense exo-atmosphérique et celle de théâtre, il existe quatre ou cinq échelons intermédiaires.

La défense anti-missiles a un sens aux États-Unis, pays qui a une capacité de résilience et qui consacre 3 ou 3,5% de son PIB à sa défense. Ce serait une folie de vouloir faire croire aux pays européens qu'un bouclier anti-missiles assurerait leur sécurité à moyen terme : ils n'ont qu'une capacité de résilience très limitée, et consentir dans ce but un effort financier priverait leur défense d'autres instruments indispensables. Car, la seule façon d'assurer à moyen terme notre sécurité, notre indépendance et la paix, est de disposer d'un outil militaire qui nous fasse respecter. Dans l'enveloppe budgétaire définie que l'on connaît, il serait dangereux d'investir dans la défense anti-missiles en sacrifiant le reste.

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