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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 1er juillet 2010 à 9h30
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 1er, amendements 428 455 606

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Je complèterai les arguments qui viennent d'être avancés par MM. Folliot et Chassaigne en précisant ce que j'entends par souveraineté alimentaire.

Mme Biémouret, dans son intervention sur l'article, a dit avec raison qu'il fallait tendre vers la relocalisation des productions, de la distribution et de la consommation. En d'autres termes, il faut privilégier les circuits de proximité, expression que je préfère à celle de circuits courts. Car un contrat direct entre, d'une part, un producteur de cacao africain ou un producteur de café guatémaltèque, et d'autre part, un acheteur français, c'est un circuit court, mais qui n'est pas du tout de proximité. L'impact et même l'empreinte écologique augmentera, pour ne rien dire du bilan carbone.

La souveraineté alimentaire concerne d'abord l'aval. Elle signifie que les consommateurs consomment en majorité, et dans toute la mesure du possible, des produits issus du territoire où ils se trouvent. De ce point de vue, on peut aller jusqu'à parler d'autosuffisance.

Mais ce concept concerne aussi l'amont, c'est-à-dire le contexte général de la production. La principale contrainte dont il faut se dégager, c'est la contrainte carbone, celle des énergies fossiles. L'agriculture productiviste européenne actuelle, et singulièrement l'agriculture française, est extrêmement dépendante du pétrole. Pour une calorie alimentaire, celle que vous ingérez, il aura fallu en amont treize calories énergétiques, dont sept ou huit viennent directement du pétrole. On sait qu'en France, nous n'avons maintenant ni gaz ni pétrole. Il n'y a donc pas de souveraineté, puisque les conditions mêmes de la production agricole et alimentaire sont contraintes par des fluides extérieurs.

En outre, il faut tenir compte de l'ensemble des circuits : les phytosanitaires, les pesticides, les engrais, le machinisme agricole, le transport, la transformation, la distribution, la conservation, puis la cuisson. Tout cela vous conduit à produire ces treize calories.

On voit donc que cette agriculture est énergivorace comme elle ne l'a jamais été, ni dans notre pays, ni ailleurs dans le monde.

Voilà donc ce qu'est la souveraineté alimentaire : d'une part, des circuits de proximité entre le producteur et le consommateur, et d'autre part, la libération vis-à-vis de la contrainte fossile.

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