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Intervention de Jean-Louis Malys

Réunion du 15 juin 2010 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT :

La réforme a été présentée comme inévitable mais chacun espère qu'elle ne touchera que son voisin, car finalement cette réforme revient à « travailler plus pour cotiser plus ».

Par ailleurs, même si ce n'est pas le coeur du problème, je comprends qu'il soit difficile pour les élus d'avoir à décider de mesures qui affecteront les pensions des Français, sans toucher à leur propre régime.

En outre, ce dossier n'intéresse véritablement que ceux qui sont proches de la retraite. Pourtant, ce sont bien les générations suivantes qui ont lieu d'être inquiètes. Il y a heureusement toujours des personnes qui ont cotisé les durées requises, en ayant des carrières linéaires et dynamiques, et parmi ces personnes de plus en plus de femmes. Le problème naît de ce que les écarts se creusent, de plus en plus, entre ces carrières et des carrières précaires qui sont surtout le fait de femmes, bien qu'elles réussissent mieux que les hommes dans les cursus de formation et qu'elles soient de plus en plus qualifiées. Les bénéfices de cette évolution sont, en fait, ruinés par la précarité.

Alors que la réforme lancée par le Gouvernement est une réforme dure, sans considération pour les plus fragiles, pour notre syndicat, le bon angle d'approche aurait dû celui de la réduction des inégalités, que ce soit celles liées aux travaux pénibles, aux carrières longues ou à la précarité. Or, les plus précaires ce sont les femmes.

S'y ajoutent les effets d'évolution qui s'avèrent pénalisantes. Par exemple, les jeunes gens entament de plus en plus tard une carrière professionnelle stable. Aujourd'hui, c'est vers l'âge de trente ans ce qui est justement l'âge de la première maternité. Or, les années passées loin du travail, pour élever ses enfants, ce qui est un souhait parfaitement légitime, coûtent de plus en plus cher en termes de carrière. En fait, elles ne se rattrapent jamais.

Enfin, il existe des inégalités qui mériteraient d'être corrigées, dans la répartition même des avantages familiaux et dont personne ne parle jamais, à l'exception de notre syndicat. Les majorations de durée d'assurance, par exemple, ne servent à rien pour 20 % des femmes, celles qui ont cotisé suffisamment longtemps pour avoir assez d'annuités. Mais le dispositif le plus injuste qui soit reste celui de la majoration de pension de 10 % octroyée, aux pères comme aux mères, qui ont eu trois enfants. D'abord, il bénéficie aux retraités et non aux familles mais surtout, cet avantage est proportionnel au montant de la pension et il est de surcroît défiscalisé. Le problème est que toucher à cette majoration provoquerait une levée de bouclier de la part des associations familiales. Cette mesure qui avait à l'origine une finalité nataliste est d'ailleurs financée par la CNAF et non par les régimes de retraites. Chaque fois que l'on évoque ce sujet, devant le COR notamment, il est évacué sans qu'aucun argument valable ne soit avancé. Pour FO et pour la CGT, c'est un avantage acquis, il ne faut donc pas y toucher. Pourtant, c'est un avantage acquis qui opère une redistribution à l'envers puisqu'elle profite essentiellement aux hommes aisés.

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