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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 4 mars 2010 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle de la commission des finances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Monsieur Denis, vous avez évoqué tout à l'heure les « valeurs » de notre enseignement. Encore faudrait-il les énumérer, afin de lever toute ambiguïté ou malentendu.

S'agissant de la prise en charge, je déplore qu'au nom de l'égalité on ait laissé se développer des pratiques inégalitaires. Il est proprement scandaleux que M. Jean-Marie Messier ne paie rien pour l'éducation de ses enfants à New York.

À mes yeux, l'enseignement français et l'enseignement du français sont indissociables, le premier étant un outil, parmi d'autres, du second. Pour moi, Français éminemment patriote, ce qui passe avant tout, c'est l'enseignement du français. Lors d'une visite au Liban, j'ai été très frappé que plusieurs membres des élites locales nous expliquent combien ils étaient attachés à la défense du français, non pour complaire à la France, mais parce que c'était l'instrument de leur liberté. Un gros effort est nécessaire pour que le français soit encore pratiqué au Moyen-Orient. Nous avons abandonné à leur sort les francophones dans cette région du monde, aussi bien en Israël qu'au Liban, et c'est fort dommage pour la présence et l'influence de notre pays.

Pourquoi les manuels français sont-ils quatre fois plus chers que ceux fournis par les Américains ? Un manuel scolaire ne coûte pas cher : c'est donc une question non pas de moyens, mais bien de ligne politique. Les contraintes budgétaires – et les considérations boutiquières qui s'ensuivent – ne peuvent l'emporter sur la vision politique. D'ailleurs, il s'agit non pas de contraintes budgétaires, mais de choix budgétaires, ce qui est fort différent.

J'aimerais disposer de données chiffrées précises sur les exclusions d'élèves. Il est en effet extrêmement choquant qu'un élève puisse être exclu d'un établissement quand il n'existe pas d'autre solution, car cela revient à l'exclure de l'enseignement.

Pour ma part, je milite, Madame Caux, non pour l'égalité des chances, mais pour l'égalité des droits. L'avenir de nos enfants ne doit pas relever d'une chance comme s'il se tirait à la loterie. Un digne héritier de la Révolution française ne peut que défendre l'égalité des droits.

J'aimerais beaucoup disposer – je m'adresse là non aux personnes que nous auditionnons, mais à notre Mission – d'un état précis de l'enseignement du français à l'étranger, lequel a énormément reculé, au profit d'un sabir international plus que du véritable anglais. Par le passé, les élites vietnamiennes parlaient français. Aujourd'hui le Premier ministre vietnamien lui-même ne connaît pas notre langue ! Et il en est de même dans beaucoup de pays, notamment en Israël. Nous ne pouvons pas, dans ces travaux, nous intéresser seulement à l'enseignement français, à moins de ne voir que le doigt quand celui-ci montre la lune, ce qui serait très dangereux pour l'avenir de notre langue.

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