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Intervention de Jean-François Munoz

Réunion du 6 mai 2009 à 14h00
Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire

Jean-François Munoz, directeur général de Max Havelaar France :

Je vous remercie pour le soutien que vous apportez à la famille du commerce équitable et je souhaite en effet centrer mon propos sur l'intervention des pouvoirs publics locaux dans ce domaine, en insistant particulièrement sur la campagne « territoires du commerce équitable » que nous soutenons avec d'autres acteurs comme Artisans du monde et la Plate-forme du commerce équitable et qui vise tout simplement à permettre aux collectivités locales d'aller plus loin en la matière.

Cela a été dit, l'Assemblée nationale a été un des premiers lieux publics où l'on a consommé du café – boisson ô combien utile lors des longues séances de nuit… – issu du commerce équitable.

Aujourd'hui, le commerce équitable est plus que jamais d'actualité dans les pays en développement, notamment dans les zones rurales où la crise a des effets particulièrement dramatiques. Après 20 ans, nous voyons qu'il s'agit d'un outil efficace, global et concret pour oeuvrer en faveur des plus démunis. Les témoignages que nous venons d'entendre nous montrent qu'il ne s'agit pas seulement d'un préfinancement ou d'un soutien aux prix mais aussi de donner une voix à ceux qui n'en avaient pas, de leur permettre de se développer et d'accroître le bien-être de leurs familles.

Pour que cette utopie devienne réalité, il a fallu que des militants, des entrepreneurs, des ONG, des leaders paysans, des élus locaux et nationaux s'engagent pour construire cette nouvelle forme de commerce. Mais il s'agit bien aujourd'hui d'une réalité puisqu'en France, un foyer sur trois a consommé en 2008 au moins un produit issu du commerce équitable, tandis que 80 millions de familles dans 40 pays consomment régulièrement des produits labellisés et que plus d'1,7 million de familles du Sud en bénéficient.

Si les acheteurs publics locaux soutiennent ce mouvement depuis longtemps, notre campagne est destinée à leur permettre d'aller plus loin, à fédérer tous ceux qui s'engagent en faveur d'une vision du monde et du commerce qui respecte l'homme et l'environnement.

Cet engagement est d'abord le fait d'individus fortement convaincus. Mme Jouanno nous a ainsi expliqué que c'est d'abord en tant que consommatrice qu'elle s'était tournée vers le commerce équitable. Mais les élus veulent aussi mettre en pratique l'agenda 21 de leurs collectivités pour construire un développement local harmonieux.

Les collectivités locales ont un rôle important à jouer : elles animent des réseaux, elles financent des associations, elles font un travail de sensibilisation, elles organisent des débats citoyens sur des questions aussi importantes que comment nourrir la planète ? Comment combiner capital écologique et commerce ? Comment faire en sorte que le commerce mondialisé n'exclue pas mais au contraire intègre le plus possible la population ? Au-delà, les collectivités investissent dans des programmes de coopération décentralisée – c'est en particulier le cas de la ville de Lyon. – afin de créer des dynamiques locales dans le Sud. En fait, elles ne s'arrêtent pas au commerce équitable mais vont plus loin dans la notion d'économie solidaire, par exemple en soutenant des initiatives comme les AMAP - Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne.

Les collectivités locales ont eu un rôle pionnier puisque ce n'est qu'hier que la Commission européenne a reconnu que les acteurs historiques du commerce équitable répondaient aux attentes des consommateurs et jouaient un rôle de sensibilisation.

On doit le projet Fairtrade Towns – territoires du commerce équitable – à un militant de la première heure, Bruce Crowther, qui a lancé à sa ville de Garstang, au Royaume-Uni, le défi d'adopter le système du commerce équitable dans sa vie de tous les jours. Celle-ci fut ainsi la première « fairtrade town », rejointe depuis lors par plus d'un millier de collectivités dans 17 pays du monde, dont 12 en Europe. En France, ces collectivités s'appuient sur cette campagne.

Mais pour aller plus loin, pour changer d'échelle, il est indispensable de pouvoir s'appuyer sur les instances nationales. C'est pourquoi nous soutenons la création de la commission nationale du commerce équitable. Afin de faciliter l'engagement concret des acteurs publics, nous jugeons également nécessaire d'harmoniser les approches, les contenus et les démarches. Or, le guide des achats publics intègre trop peu le commerce équitable même si ce dernier s'inscrit dans la stratégie du gouvernement français en faveur du développement durable.

Pour notre part, nous souhaitons le développement du commerce équitable parce qu'il traduit un état d'esprit et un engagement très fort en faveur des plus démunis. (Applaudissements).

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