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Intervention de Jacques Diouf

Réunion du 6 mai 2009 à 14h00
Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire

Jacques Diouf, directeur général de la FAO :

Il suffirait en effet d'investir chaque année 30 milliards de dollars pour développer les infrastructures rurales et accroître la productivité agricole des pays en développement en soutenant les petits exploitants. Il faut pour cela suivre un programme en quatre points. Ces sommes devraient être affectées en premier lieu à la maîtrise de l'eau – sait-on qu'à ce jour, seulement 4 % des terres arables sont irriguées au sud du Sahara ? Les fonds devraient aussi être investis dans des moyens de stockage pour éviter que, comme c'est le cas maintenant, de 40 % à 60 % de certaines productions ne soient perdues. Les investissements devraient encore être destinés à la construction de routes en milieu rural pour permettre aux intrants – semences, engrais, alevins, aliments pour le bétail – d'arriver et aux productions de parvenir sur les marchés. Quand on sait que, faute de routes, l'aide alimentaire parvient parfois aux populations concernées par parachute, on n'appréhende que trop bien l'absence d'infrastructures. Enfin, les investissements devraient aussi servir à financer la recherche indispensable pour adapter les variétés agricoles les plus productives aux conditions climatiques locales, et sa vulgarisation.

Or ces investissements essentiels manquent. Alors que, au cours des années 1970, la part de l'aide publique au développement consacrée à l'agriculture était de 17 %, ce qui a permis d'éviter la famine en Inde et en Asie, cette proportion est tombée à 3 % en 2006, pour remonter ensuite, faiblement, à 3,8 %. Alors que l'agriculture donne un emploi à 80 % de la population dans la plupart des pays en développement et que 70 % des pauvres du monde vivent en milieu rural, on ne consacre à tous ces gens que moins de 4 % de l'aide publique au développement ! Tels sont les faits, et ils sont bien connus : en 2002 déjà, nous disions que si la tendance à la baisse de l'investissement dans l'agriculture des pays en développement se maintenait, il faudrait attendre 2050 pour espérer réduire de moitié le nombre de personnes qui, dans le monde, souffrent de malnutrition, au lieu que cela se produise en 2015 conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement. Un milliard d'êtres humains souffrent aujourd'hui de la faim ; nous disions donc vrai, mais on ne nous a pas écoutés.

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