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Intervention de Denis Jacquat

Réunion du 11 mars 2010 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle de la commission des finances

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Jacquat :

L'Alliance française a connu en janvier 2008 un tournant historique lorsque la maison mère est devenue une fondation, chargée d'animer et de coordonner le réseau international en poursuivant ainsi une mission assumée depuis 1883, tandis que l'école du boulevard Raspail, restée association de la loi de 1901, continuait d'accueillir les étudiants étrangers.

La Fondation s'attache à rechercher des capitaux afin de mieux soutenir l'action des Alliances françaises réparties sur le globe. Elle a connu un bon départ, en parvenant à collecter, en 2007-2008, 5,5 millions d'euros, ce qui n'était pas chose facile auprès d'entreprises privées qui considèrent en général la défense du français à l'étranger comme l'affaire de l'État. Élargir ce capital est plus ardu depuis que la crise a éclaté ; nous nous efforçons de rechercher des partenariats sur des projets spécifiques et nous nous tournons à cet effet vers des mécènes ou des donateurs animés par la passion de la langue et de la culture françaises.

Alors que l'Alliance française à Paris se bornait depuis un siècle à fournir conseils et expertise aux membres de notre réseau, la Fondation est donc à même, désormais, de leur apporter une aide financière directe. Il s'agit certes de sommes modestes, mais elles ont un impact important et permettent à des projets de développement d'aboutir – une cinquantaine en 2008, autant en 2009.

Nous avons ainsi le sentiment euphorisant de pouvoir davantage soutenir un réseau qui fait face à une demande croissante de français, la progression annuelle du nombre d'étudiants étant comprise entre 3 et 4 %. Traditionnellement ancré dans les Amériques, où il a un quasi-monopole et où il fonctionne de manière remarquable, ce réseau connaît depuis huit ans un développement important à l'Est, notamment en Chine et en Russie où respectivement 15 et 11 établissements ont ouvert leurs portes et parviennent à s'autofinancer dans une large mesure. Ce rééquilibrage géographique s'est fait à la demande du ministère des Affaires étrangères, qui a préféré là l'implantation d'Alliances à celle de centres culturels.

Sur le continent africain, le réseau de l'enseignement français se partage en revanche entre Alliances et centres culturels. Les états généraux des Alliances françaises d'Afrique que nous avons organisés pour la première fois en 2009, à Nairobi – en terre anglophone –, ont rassemblé les représentants de 33 pays. Ceux-ci ont ainsi pu confronter leurs pratiques très diverses et échanger sur la base d'intérêts et d'une passion qui leur sont communs.

Nous accorderons cette année une attention particulière à la situation, plus difficile, des Alliances françaises européennes. Elles sont les seules à ne pas connaître une progression marquée de leurs effectifs d'étudiants, ce qui reflète le recul très préoccupant du français dans les organisations de l'Union et dans les échanges commerciaux intra-européens. Or si le français perd la place éminente qui était la sienne en Europe, il deviendra difficile de soutenir son développement sur les autres continents. Nous allons donc réunir ces Alliances à Bruxelles afin d'étudier les actions à entreprendre dans un tel contexte.

Compte tenu d'une vive concurrence, il paraît important que les Alliances se professionnalisent. Le ministère des Affaires étrangères nous apporte une aide importante depuis cinq ans en finançant des actions de formation et, fin 2009, il nous a même accordé un supplément de crédits de 600 000 euros. Cela étant, hormis peut-être en Chine et en Russie où il est concevable d'ouvrir encore quelques Alliances, la Fondation s'emploie, plutôt que de l'étendre, à consolider le réseau dont elle a la charge. Nous cherchons à mobiliser le millier d'Alliances qui actuellement se répartissent en trois tiers à peu près égaux : celles qui bénéficient d'une convention avec le ministère et sont comparables en taille avec les centres culturels ; celles qui dispensent un enseignement dans des villes relativement modestes ; enfin, celles qui s'apparentent à de simples clubs de gens amoureux de la culture française, et qui ne dispensent aucun cours. Ces « clubs » seront incités à offrir des cours de langue, les établissements de taille moyenne à passer des conventions avec le ministère des Affaires étrangères, les grandes Alliances à améliorer encore leur efficacité.

Ces projets, le dynamisme du réseau, le nouvel éclat donné par le terme même de « fondation » nous apportent beaucoup d'énergie et nous incitent à l'optimisme. Reste la question de la réforme. Le président de la Fondation et moi-même rencontrerons prochainement le ministre des Affaires étrangères pour discuter de l'articulation entre centres culturels, Alliances françaises et agence culturelle en gestation.

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