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Intervention de Jean-Charles Taugourdeau

Réunion du 30 juin 2010 à 21h30
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Charles Taugourdeau :

Monsieur le président, monsieur le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, monsieur le président de la commission des affaires économiques, messieurs les rapporteurs, chers collègues, une fois de plus, l'agriculture traverse une crise, mais celle-ci est sans précédent.

La loi de modernisation agricole, plan d'urgence voulu par notre Président de la République, peut aider les exploitations à surmonter les difficultés actuelles : les revenus de nos agriculteurs ont baissé l'année passée de 32 % après une chute déjà impressionnante de 23 % en 2008. Certains d'entre eux en sont à travailler plus de douze heures par jour pour rien.

Il est très grave de constater que c'est le monde paysan – les éleveurs, agriculteurs, maraîchers, arboriculteurs, pêcheurs dont le métier est de faire en sorte que nos concitoyens se nourrissent – qui meurt de faim.

Pourtant, l'agriculture est vitale pour la France, pour l'Europe, pour la planète. Elle est notre histoire, notre rapport à la terre et notre lien social à travers les territoires. Elle doit garantir notre alimentation.

Inexistante dans le passé, la concurrence est désormais plus que présente et elle s'accompagne d'une surproduction des pays, aussi paradoxale soit-elle.

Tous les acteurs de la chaîne doivent pouvoir vivre décemment du fruit de leur travail. Le consommateur, lui, a le droit de manger des produits de qualité. Cette loi doit relever ce défi conjoncturel.

Depuis des années, l'agriculture a évolué et elle a contribué à préserver l'espace agricole. Tout investissement engagé doit créer une source de revenus. L'agriculteur doit retrouver ses marges de manoeuvre ; il ne doit plus souffrir et doit pouvoir monnayer la valeur ajoutée de son travail.

La France était l'une des premières puissances agricoles ; elle ne peut plus continuer à perdre l'équivalent d'un département tous les dix ans ; elle doit préserver sa surface agricole utile et sa diversité. Pour cela, de bonnes décisions doivent être prises.

Notre pays, vous le savez, est renommé pour ses produits de qualité et sa sécurité alimentaire. La traçabilité des produits doit être encore améliorée, car c'est un enjeu majeur commercial et sanitaire.

Contrairement à la plupart des réglementations ou normalisations imposées par les États, la traçabilité est populaire auprès des consommateurs qui y trouvent l'exercice plein de leur pouvoir de choisir ce qu'ils mangent. Une sécurité alimentaire renforcée créera obligatoirement une solidarité entre le producteur et le consommateur, et entre producteurs eux-mêmes.

Nicolas Sarkozy, lors d'une visite chez les céréaliers du département de 1'Essonne, a dit souhaiter profiter de la présidence française du G20, de novembre 2010 à novembre 2011. Il réunira un sommet sur les problèmes de volatilité des cours des matières premières, notamment agricoles.

Notre planète compte environ sept milliards d'hommes dont 850 millions souffrent de sous-alimentation chronique, soit une personne sur sept. D'ici à 2050, la population mondiale devrait passer à neuf milliards d'habitants, ce qui fera exploser les besoins en alimentation et en énergie, en particulier dans les pays du Sud qui vont accueillir trois milliards de personnes supplémentaires.

Dès lors, se posent trois questions. Comment va-t-on produire des aliments en quantité suffisante ? Comment le faire en respectant les écosystèmes ? Comment y parvenir en les distribuant de manière équitable entre tous ?

Déjà, il va falloir multiplier la production par deux ou trois : ce ne sera pas simple si les terres agricoles entrent en compétition avec celles destinées aux biocarburants. Je crois qu'il faudra trouver autre chose pour les véhicules…

Lors d'un prochain G20 consacré aux cours des matières premières et au programme alimentaire mondial, il serait souhaitable de sélectionner une liste de produits alimentaires de base dont nous assurerions un encadrement des prix et des quantités au niveau mondial, en faisant en sorte que chaque producteur, chaque transformateur, chaque distributeur gagne sa vie honorablement avec ces produits de base.

Avec le projet de loi de modernisation agricole qu'il a souhaité, notre Président de la République a montré l'attention qu'il porte à la question des prix agricoles et l'importance qu'il souhaite donner aux moyens qui permettraient de réduire les sources d'accident.

Il a déclaré « être prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d'accepter le démantèlement de la politique agricole commune et plutôt que de laisser la spéculation fixer de façon erratique des prix agricoles, qui ne permettraient pas aux agriculteurs de vivre décemment du fruit de leur travail. »

Vous avez eu raison, monsieur le ministre, de caler ce texte sur les règles européennes. Nous savons bien que c'est à ce niveau que nous pouvons penser à régler les problèmes de nos agricultures françaises et européennes face à la concurrence mondiale.

Le vote de cette loi conditionnera l'avenir de notre agriculture française, permettra de réguler les marchés et d'instaurer de bonnes relations entre producteurs, acheteurs et consommateurs. Il renforcera notre compétitivité. Ce texte, monsieur le ministre, est très attendu.

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