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Intervention de Bruno le Maire

Réunion du 16 juin 2010 à 18h00
Commission des affaires économiques

Bruno le Maire, ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche :

Je confirme que l'avis du Gouvernement est défavorable.

Sur le plan technique, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, le relèvement des seuils devrait contribuer à améliorer la qualité environnementale. En effet, les exploitations pourront être restructurées plus rapidement, les plans d'épandage resteront les mêmes, et le contrôle sera concentré sur un nombre moins élevé d'exploitations. Par ailleurs, les grosses exploitations ont des capacités beaucoup plus importantes que les petites en matière de respect de l'environnement.

Sur le plan politique, le problème vient de la collision entre un débat national ancien et un débat européen récent. Le débat national concerne la situation de la Bretagne, qui concentre la majorité de la production de porcs en France, et où le développement de l'agriculture intensive a entraîné la pollution des nappes phréatiques et des rivières. Par conséquent, toute décision pouvant être interprété comme un assouplissement des contrôles – même si ce n'est pas le cas en réalité – y serait perçue de manière négative. Or nous ne souhaitons pas aviver les dissensions alors que nous avons mis tant de temps à trouver un consensus sur cette question.

Le problème politique nouveau – et je félicite Marc Le Fur d'avoir mis cette question essentielle sur la table –, c'est que nous avons un nouveau concurrent : l'Allemagne est en train de prendre notre place de première puissance agricole européenne. C'est d'ailleurs le cas depuis longtemps pour ce qui concerne l'élevage porcin. De ce point de vue, l'existence de seuils différents entre les deux pays soulève une difficulté.

Reste que l'adoption de ces amendements serait caricaturée par les médias et les associations et présentée comme un relâchement de la pression environnementale. En outre, elle pourrait être interprétée de la même façon par la Commission européenne, qui pourrait se montrer moins compréhensive dans un contexte où la question des nitrates fait l'objet d'un contentieux très lourd. C'est pourquoi mon avis est défavorable.

En revanche, je reprends à mon compte la proposition d'Antoine Herth de réaliser un travail approfondi, filière par filière, sur la question des écarts de concurrence avec l'Allemagne. Il s'agit pour l'agriculture française d'une question prioritaire.

Par ailleurs, je donnerai un avis favorable aux amendements concernant les délais d'instruction des dossiers, qui sont en effet beaucoup trop longs.

2 commentaires :

Le 22/06/2010 à 20:26, Cato censor (étudiant en droit) a dit :

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La réaction des associations de défense de l'environnement et plus généralement des milieux écologistes ne s'est pas fait attendre.

L'association Eau & Rivières de Bretagne a la première levé "le lièvre".

Pour mémoire :

- http://www.eau-et-rivieres.asso.fr/

- http://www.eau-et-rivieres.asso.fr/media/user/File/Actu%202010/amendementsICPE_339-337-338.pdf

- http://www.eau-et-rivieres.asso.fr/media/user/File/Actu%202010/porte-juridique_amendementsLMA.pdf

- http://www.eau-et-rivieres.asso.fr/index.php?47/554

- http://avecvuesurlaterre.blog.lemonde.fr/2010/06/17/quand-on-a-atteint-le-fond-on-peut-encore-creuser%E2%80%A6-ou-contribution-a-une-etude-chtonienne-du-droit-de-lenvironnement/

Néanmoins, les propos de Antoine Herth sur cet amendement sont à retenir, comme la réponse du Ministre et les propos de Jean Gaubert.

Le plaidoyer du parlementaire du Bas-Rhin en faveur d'un débat approfondi sur le sujet, afin de "sortir du dogmatisme et [...] trouver des solutions pragmatiques" avec en parallèle un débat au sein de l'exécutif, apparaît comme la réponse la plus censé face au vote d'un tel amendement en catimini cherchant à occulter l'aspect politique de la question derrière le volet technique.

Le débat de la pollution des nitrates, de la concurrence allemande et espagnole, de l'harmonisation européenne des règlementations en la matière et du régime des ICPE (et j'en oublie!) doit être tranché au grand jour.

C'est seulement de cette façon qu'un consensus pourra se dégager et que la question pourra être trancher sans retomber dans l'ornière d'un affrontement stérile avec les lobbies en embuscade.

Espérons que le résultat concret de ces beaux discours ne résumera pas à ce simple apophtegme :

"verba volant, scripta manent".

A suivre...

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 09/07/2010 à 09:47, Cato censor (étudiant en droit) a dit :

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- http://www.cyberacteurs.org/acti

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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