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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 10 juin 2010 à 9h30
Régulation bancaire et financière — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Parfaitement ! Je n'osais pas le mot, mais si vous ne me faites pas payer de royalties, monsieur le président, je le reprends volontiers à mon compte et je laisse mes collègues de l'UMP y réfléchir !

Que disait donc Nicolas Sarkozy ?

« Une certaine idée de la mondialisation s'achève avec la fin d'un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir ». Et de poursuivre : « Ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous réglerons le problème par la loi avant la fin de l'année ». C'était en 2008 ! Autant dire qu'il s'agissait encore de fariboles pour endormir l'opinion !

Cet engagement de date n'a pas été tenu. Il s'agissait d'un mensonge de plus.

Mes chers collègues, si le mensonge portait seulement sur le calendrier, si le Président de la République avait seulement pris deux petites années « de retard », si Nicolas Sarkozy nous présentait au moins aujourd'hui un projet crédible de régulation de la finance mondiale, alors nous pourrions presque lui pardonner d'avoir laissé s'installer le glissement de la crise des subprimes – dont il vantait, rappelons-le, les mérites – vers la crise de la zone euro et d'avoir continué à servir des mets fastueux à ses copains du Fouquet's. Ces retards valent plusieurs milliards d'euros et ont entraîné un extraordinaire affaiblissement de notre appareil industriel.

Malheureusement, il n'en est rien ! Si ce projet, dit de régulation bancaire, ne régulera rien, si cette loi n'aura aucunement pour effet de « moraliser le capitalisme », c'est que le Gouvernement ne le souhaite pas. Toujours aussi aveuglés par les paillettes de la finance, vos ornières idéologiques desquelles vous ne parvenez pas à vous extraire vous interdisent de penser que les règles, ou plutôt l'absence de règles, de l'économie-casino ne servent qu'à enrichir une petite poignée de privilégiés qui coulent des jours paisibles tandis que la grande majorité de nos concitoyens sont plongés dans des difficultés chaque jour plus grandes et plus humiliantes. Votre doctrine économique, basée sur la libre circulation des capitaux, la spéculation, ce que délicatement vous appelez les « marchés », l'absence de règles et le laisser-faire généralisé est une impasse, madame la ministre. C'est une impasse qui coûte très cher à nos concitoyens.

Aveuglés par cette doctrine, vous croyez même que vous allez pouvoir « faire de cette crise une opportunité ». Au-delà du fait que le langage publicitaire n'a pas de secrets pour ce gouvernement, nous pourrions presque vous faire crédit d'une certaine cohérence dans vos choix idéologiques et politiques. Je dis « presque » parce que vous mésestimez totalement la gravité de la crise actuelle. Cette cohérence entre vos options idéologiques et vos choix politiques confine alors à l'aveuglement mais votre fanatisme libéral n'exclut pas la cohérence de vos choix. Au contraire, cette cohérence alimente la course folle vers la destruction de l'économie et la désintégration de nos sociétés. Les événements de Sevran, de Tremblay, ou d'ailleurs, dans nos banlieues, ne sont pas étrangers à tout cela.

Comment faire croire à un jeune de nos banlieues qu'il faut aller travailler dans un emploi aidé alors que les bonus des dirigeants des banques explosent à nouveau, malgré la crise qui perdure ? Il faudrait écouter M. de Rothschild de la Compagnie financière, qui sait de quoi il parle et qui prévoit de nouvelles catastrophes.

La cohérence de vos choix est multiple.

Tout d'abord, vous êtes cohérents avec vous-même lorsque vous continuez à faire confiance à l'économie-casino, lorsque vous pensez pouvoir vous appuyer sur le règne des banques et lorsque vous interprétez la financiarisation croissante du capitalisme mondial comme l'étape ultime du progrès de l'humanité.

Madame la ministre, vous me permettrez, après vous avoir recommandé la lecture du Capital, de vous conseiller un autre ouvrage, d'un certain Vladimir Illitch Oulianov, dit Lénine : L'impérialisme, stade suprême du capitalisme. Bien évidemment, il faut replacer cette oeuvre dans son contexte, mais vous verrez que, dans les cendres du passé, demeurent des braises ardentes qui peuvent éclairer les chemins de l'avenir. C'est un petit opuscule, beaucoup moins épais que le livre que je vous ai offert la dernière fois.

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