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Intervention de général d'armée aérienne Stéphane Abrial

Réunion du 26 mai 2010 à 10h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

général d'armée aérienne Stéphane Abrial :

Nos partenaires américains apprécient la position française et je crois que notre retour au sein du commandement intégré a renforcé ce sentiment. Ils ne manquent d'ailleurs pas de faire référence à la lettre que le président Lyndon B. Johnson avait adressée au général de Gaulle en 1966, où il lui indiquait qu'il veillerait à ce que la France retrouve toute sa place au sein de l'Alliance le jour où elle souhaiterait y revenir complètement. Les Américains constatent que notre pays a toujours participé aux opérations sous mandat de l'OTAN et ils ont une forte confiance dans nos armées. Je crois d'ailleurs pouvoir dire que nous sommes les seuls, avec les Britanniques, à pouvoir nous honorer d'un tel degré de confiance.

Par ailleurs, ils apprécient la qualité de notre réflexion, notamment en matière de réformes : la France n'ayant que très peu d'intérêts nationaux en ce qui concerne l'implantation géographique des quartiers généraux, elle peut effectivement proposer des solutions audacieuses et ainsi libérer la réflexion au sein de l'Alliance. Notre approche multilatérale et ouverte, assise sur une expérience riche, dépourvue de timidité, est aussi un facteur positif.

Les échos que je reçois de notre retour dans le commandement intégré montrent que les Américains en sont très satisfaits, estimant que la rapidité des changements intervenus récemment est liée à notre réintégration. Pour autant, le scepticisme n'a pas disparu : nos partenaires attendent des engagements concrets. Des doutes subsistent quant à la volonté européenne de s'engager et de s'impliquer dans les opérations. C'est donc bien sur nos résultats que nous serons jugés.

Je suis un fervent défenseur de l'approche globale. En tant que militaires, nous devons aller au-devant des autres acteurs au travers d'un dialogue bilatéral, même si cela est parfois difficile, certains interlocuteurs ne souhaitant pas nous rencontrer. Nous devons faire preuve de pédagogie pour expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons et en quoi nous pouvons aider les civils dans les missions qui leur sont confiées ou qu'ils se confient eux-mêmes.

En décembre, dans une lettre que j'ai adressée au secrétaire général de l'Alliance, j'ai proposé que l'ACT contribue, pour la partie militaire, à la mise en oeuvre de cette approche globale. À ce titre, je rencontre par exemple la semaine prochaine des hauts responsables à l'ONU qui ont manifesté leur intérêt pour la coopération avec l'OTAN, en particulier en ce qui concerne l'entraînement, le retour d'expérience et les enjeux capacitaires.

Je crois que le potentiel est fort ; j'en veux pour preuve le succès du site Internet que nous avons développé pour la gestion des crises. Tous les intervenants peuvent y trouver, à des degrés divers et selon leur niveau d'accès, des informations tactiques, politiques, économiques… précises et régulièrement mises à jour. C'est d'ailleurs à la demande des commandants d'opérations en Afghanistan et dans la Corne de l'Afrique – contre la piraterie – que nous avons créé cet outil, ce qui montre bien sa dimension opérationnelle. Lors de la crise haïtienne, nous avons pu mettre en ligne, en moins de 24 heures, une page spéciale répertoriant tous les contacts des organisations impliquées, militaires et civiles, mais aussi des points sur la météo ou le trafic aérien. Ce fut un véritable succès, avec 1 500 à 2 000 visiteurs par jour. Ces résultats sont en partie dus au fait que le sigle de l'OTAN n'apparaît nulle part. C'est encore une limite de notre action : certains acteurs ne veulent toujours pas travailler avec des militaires.

Nous devons réfléchir aux capacités de l'Alliance pour mieux agir entre civils et militaires. Deux orientations opposées existent : on peut juger suffisant que l'OTAN n'ait qu'un annuaire avec une liste de points d'accès ou, à l'autre bout du spectre, souhaiter qu'elle s'implique directement en constituant un véritable corps civil en son sein. Il me semble qu'il ne faut pas créer une nouvelle bureaucratie, l'Alliance devant se doter des moyens strictement suffisants pour assurer l'échange et le partage d'informations.

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