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Intervention de Christian Anastasy

Réunion du 19 novembre 2009 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Christian Anastasy, directeur général de l'ANAP :

Comme je suis un homme de terrain, j'aime qu'on me parle de choses concrètes. C'est le cas dans l'étude réalisée par McKinsey sur les urgences, qui est un sujet qui concerne les gens. Quand le délai moyen de prise en charge dans un service des urgences est de cinq heures, c'est qu'il y a un problème d'organisation quelque part.

Certains directeurs généraux de CHU me prennent parfois à partie en faisant valoir que la performance n'est qu'une notion économique. Non. La performance en santé a été définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a pour but d'améliorer la qualité de la santé des gens, de réduire les iniquités de financement et d'améliorer la réactivité du système.

Toutes nos actions 2010 répondent à la volonté d'agir sur des choses concrètes perceptibles par tout le monde.

Je prends un exemple : la distribution du repas du soir dans les établissements médico-sociaux de long séjour qui, à 75 % – soit pas moins de 30 000 établissements – n'ont aucun tableau de bord.

Comme les gens des cuisines prennent leur service à sept heures trente ou huit heures le matin, ils préparent le repas du soir à quinze heures et demandent aux aides-soignantes de ne pas le servir trop tard pour qu'il ne refroidisse pas, si bien que les plateaux-repas sont distribués entre dix-sept heures et dix-huit heures. Une émission de Canal + en a parlé dernièrement. Une personne âgée n'a pas faim à dix-sept heures trente. Donc elle ne mange pas. L'aide-soignante, plaisantant sur le fait que « la Mamie ou le Papi n'a pas faim ce soir-là », lui reprend son plateau vers dix-huit heures trente ou dix-neuf heures, et la personne âgée a une période de jeûne supérieure aux onze heures reconnues comme un maximum par toutes les sociétés françaises et internationales de gérontologie. La personne âgée, dénutrie, est désorientée et elle a des escarres, qui doivent être prises en charge par des aides-soignantes, des infirmières et des médecins. Cela n'intéresse personne de soigner des escarres et, de plus, ça fait mal.

Résultat : on accueille des personnes âgées dans des établissements sanitaires ou médico-sociaux pour leur faire mal ! Et, en plus, on dépense beaucoup d'argent. Cherchez l'erreur ! Le NHS3I, qui est l'équivalent anglais de l'ANAP, a estimé que les escarres représentaient 4 % du budget de l'assurance maladie dans ce pays.

Avant de m'occuper d'objectifs très sophistiqués, comme l'interopérabilité des systèmes d'information, dont on parle depuis des années, je veux m'attaquer à des problèmes concrets qui touchent à la fois la vie des personnes hébergées et celle des personnels. Quand je tiens un tel discours, aucun syndicat ne peut m'accuser de n'être que dans la recherche de l'efficience. Selon la Haute Autorité de santé, le coût de la non-qualité dans un établissement de santé représente 25 % des charges d'exploitation. Donc, si on traque les niches d'improductivité, on améliorera le système.

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