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Intervention de Dov Zerah

Réunion du 25 mai 2010 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Dov Zerah :

Merci, M. le Président. Je vais d'abord présenter mon parcours professionnel en insistant tout particulièrement sur les points qui justifient aujourd'hui ma candidature au poste de directeur général de l'AFD.

J'ai 55 ans. Bien que né à Tunis, il me faudra attendre ma scolarité à l'ENA pour voyager en Afrique, en dehors de la Tunisie. Grâce à un séminaire sur l'urbanisation dans les pays en développement, je découvre, en 1979 et 1980, cette problématique, ainsi qu'Alger, Abidjan et Dakar. J'écris alors mes trois premiers articles sur l'urbanisation de ces trois capitales.

Avant de devenir conseiller maître à la Cour des Comptes en 2007, mon cursus professionnel s'est déroulé en trois temps :

– De 1981 à 1993, j'ai eu un parcours classique à la Direction du Trésor jusqu'à ma nomination comme sous directeur.

De 1984 à 1986, j'ai effectué ma mobilité comme attaché financier à la Représentation permanente de la France auprès des Communautés européennes. J'ai notamment été chargé des problèmes agricoles et de l'aide au développement. Cela m'a permis de découvrir les politiques et mécanismes du Fonds européen de développement, et de participer aux travaux de tous les comités et notamment des instances auxquelles participent les pays ACP.

De 1989 à 1991, comme chef du bureau de la zone franc, j'ai été impliqué dans la défense de la parité du franc CFA, dans les opérations de restructuration bancaire, ainsi que dans le lancement des processus d'intégration régionale. A l'époque, plus qu'aujourd'hui, ce poste constituait une fonction essentielle du dispositif français de la politique d'aide au développement.

De 1991 à 1993, comme sous directeur des affaires bilatérales à la direction du Trésor, je découvre la coopération hors champ et les protocoles financiers. Ces fonctions me conduisent à négocier des protocoles avec les trois pays du Maghreb, les trois pays de la péninsule indochinoise, mais également des pays d'Afrique sub-saharienne non francophones, le Yémen ou des pays latino-américains.

J'ai été la cheville ouvrière du règlement des différends nucléaires que nous avions, alors, avec l'Iran et le Pakistan.

– De 1993 à 1999, j'ai dirigé les cabinets du ministre de la Coopération, M. Michel Roussin, de Mme Corinne Lepage, ministre de l'environnement, et de Mme Edith Cresson, commissaire européen chargée de la recherche, de l'innovation, de l'éducation, de la formation et de la jeunesse.

Durant deux ans, entre 1993 et 1995, j'ai été directeur délégué à la Caisse française de développement. De ces deux ans, je retiens principalement mes négociations sur l'installation de PROPARCO au Maroc et au Vietnam, ainsi que les conseils d'administration des deux Banques de développement en Tunisie, auxquels j'ai participé comme administrateur.

– De 1999 à 2007, j'ai occupé des fonctions entrepreneuriales.

D'abord, de 1999 à 2002, comme président de la Compagnie cotonnière (COPACO), et président de DAGRIS (Développement des Agro-industries du Sud) ex Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT), holding de sociétés cotonnières implantées dans une trentaine de pays principalement africains.

De ces trois ans au cours desquels, j'ai parcouru les campagnes africaines, je retiendrai cinq éléments : le rétablissement de la situation financière et des comptes du groupe dont la valorisation est passée de 150 millions d'euros à 270 millions d'euros ; la nouvelle orientation stratégique du groupe, explicitée dans le nom de DAGRIS, visant à faire d'un groupe cotonnier un groupe agro-industriel, pour s'inscrire dans le développement agricole de l'Afrique qui constitue, c'est là mon intime conviction, un élément essentiel, incontournable du développement de ce continent ; l'aggiornamento des conditions d'intervention de « la vieille dame de la rue Monceau » ; le développement de certaines coopérations avec l'Algérie, le Maroc, l'Ouzbékistan, et la Syrie ; enfin, dernier élément, mon combat pour le coton africain, contre les subventions des pays riches à leurs cotonculteurs, subventions qui déstabilisent la filière africaine, combat explicité dans un article publié par le Monde en juin 2002 et intitulé Bono, le Farm bill et le coton africain.

J'ai aussi occupé des fonctions entrepreneuriales, durant cinq ans, de 2002 à 2007, comme directeur des Monnaies et Médailles.

Au delà de l'importante restructuration industrielle et économique que j'ai conduite, j'insisterai sur le développement des marchés à l'étranger, et plus particulièrement la frappe des monnaies du Yémen et d'Afghanistan et le regret d'avoir perdu certaines commandes de francs CFA, en Afrique occidentale, faute d'avoir réussi à contrecarrer la monnaie britannique.

Ces deux expériences entrepreneuriales vont me permettre, dans des contextes difficiles, d'apprendre la gestion de grandes structures.

Depuis trente ans, j'ai eu de nombreuses activités d'enseignement, à Sciences-Po Paris où j'ai animé un cours-séminaire sur « l'Afrique…Les Afriques… », ainsi qu'à HEC, et à l'Institut Supérieur du Commerce (ISC), principalement sur les grands risques économiques et financiers internationaux.

J'en viens aux raisons de ma candidature.

Au cours des dix dernières années, l'AFD a connu de profondes mutations ; ses interventions ont été multipliées par trois pour atteindre 6,5 milliards d'euros ; au-delà de la fin de la distinction entre le champ et le hors champ de la Coopération, son champ géographique s'est considérablement étendu, y compris à de nombreux pays émergents ; enfin, grâce à la compétence et au professionnalisme de ses équipes, elle a développé de nombreux financements innovants, en liaison et partenariat avec d'autres bailleurs de fonds.

Il convient de conforter ces acquis. Je souhaite néanmoins insister sur deux points. A la suite de transferts de compétences et de crédits, l'AFD est devenue le bras séculier des autorités de tutelle pour notre politique d'aide et de coopération. Il est essentiel de renforcer au maximum les liens avec les autorités de tutelle.

Par ailleurs, ma conviction profonde est qu'il conviendrait d'orienter nos interventions sur le développement, sur la création de valeur, et plus particulièrement sur le développement agricole. C'est probablement mon tropisme d'ancien responsable de la filière cotonnière. La recherche de l'autosuffisance alimentaire, de la sécurité alimentaire, et le développement de l'agriculture sont essentiels. Ils ont constitué pour nous en France, ou en Europe, un point de départ du développement économique, voire un préalable. Elle est une condition nécessaire à toute politique d'éducation ou de santé, quelle que soit l'importance de ces deux politiques publiques. Le développement agricole doit permettre de stabiliser les zones rurales, d'endiguer la désertification, de ralentir l'exode rural, l'émigration…

Enfin, je terminerai par un élément de mon équation personnelle, mon penchant pour le bénévolat. Aujourd'hui, je ne suis que pressenti. Si, demain, je venais à être nommé directeur général de l'AFD, je tenais, M. le Président à accorder à la représentation nationale la primeur de ma décision, dés mon éventuelle nomination rendue publique, de démissionner de la Présidence du Consistoire de Paris et d'Ile-de-France, pour me consacrer totalement à la responsabilité que le Président, en Conseil des ministres, viendrait à me confier.

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