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Intervention de Fernand Verger

Réunion du 19 mai 2010 à 16h00
Mission d'information sur les raisons des dégâts provoqués par la tempête xynthia

Fernand Verger, géographe, professeur à l'école normale supérieure, membre du Conseil national du littoral :

Dans mes conférences, assez nombreuses, sur cette question, j'ai souvent été interrogé par des maires. Dans l'ouest du Cotentin, le CNL désirait acquérir des terrains qu'une évolution possible du « trait de côte » mettait en danger. Les maires ont répliqué sur le terrain de l'avenir : « Qu'allons-nous devenir si nous ne pouvons pas construire ? Le chômage est là. Il faut penser à la vie de nos petites localités ».

Cette question difficile n'est pas de mon ressort. Je peux juste exposer que, lorsque j'ai proposé des restrictions à l'action, j'ai souvent été écouté attentivement, mais avec une certaine angoisse.

Pour autant, il fait rester raisonnable. Lorsque j'étais directeur d'un laboratoire à l'École pratique des Hautes Études, j'ai été étonné, en effectuant les relevés de la pointe d'Arçay, de la mise en construction d'une zone de prés salés aussi basse et aussi peu protégée. En tout état de cause d'ailleurs, la protection me paraît aller contre la nature du lieu. Ces prés salés étaient le vase d'expansion du Lay ; ils étaient aussi régulièrement envahis par la marée haute, avec les avantages que cela comportait, et j'ai regretté de les voir endigués.

Une politique d'explication doit donc être conduite à l'attention des lotisseurs. Il existe d'autres zones disponibles pour la construction, même si elles sont peut-être moins directement placées au bord de l'eau. Les dangers doivent être expliqués. En outre, la protection de l'environnement par le biais de la conservation des paysages et de l'équilibre de la nature et la biodiversité, n'est pas une vaine affaire : continuer à sacrifier la biodiversité du littoral, c'est appauvrir les milieux littoraux. Les Néerlandais s'en sont bien rendus compte.

Les dangers que nous courons en France ne sont pas de même nature qu'aux Pays-Bas. Des installations et des polders y sont situés quatre mètres au-dessous du niveau moyen de la mer. En France, un seul territoire est nettement au-dessous de ce niveau : celui des Moëres, en Flandre, à proximité de la frontière belge – c'est un ancien lac asséché. L'angoisse n'est donc pas aussi prégnante qu'aux Pays-Bas.

Cela dit, j'ai vu dans le Marais poitevin des ouvrages entièrement descellés, isolés et endommagés par l'inondation. Le déficit d'entretien est donc réel.

Dans nombre d'endroits des Pays-Bas, des règlements prévoient des examens détaillés annuels de toutes les digues, avec notamment des sondages, selon un parcours précis. Jusqu'à présent, la France s'est contentée du nivellement des cotes. Les examens en profondeur commencent seulement à être pratiqués en Camargue, sur les digues du Rhône – Grand Rhône et Petit Rhône. Elles sont en effet vulnérables non seulement par surverse, en cas de crue, mais aussi par infiltration et canalisation intérieure, du fait notamment des nombreux terriers que les renards y creusent.

En revanche je n'ai pas observé dans l'anse de l'Aiguillon de terriers traversant la digue.

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