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Intervention de Antoine Flahault

Réunion du 10 décembre 2009 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Antoine Flahault, directeur de l'école des hautes études en santé publique :

Merci de nous recevoir. Nous allons tenter de répondre à vos questions, avant d'être très certainement éclairés nous-mêmes par le rapport de votre mission.

L'École des hautes études en santé publique, dont le statut est issu de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, fonctionne comme telle depuis le 1er janvier 2008. Je reviendrai sur les évolutions qu'autorise, en matière de formation, son caractère d'établissement d'enseignement supérieur.

La complexité de l'hôpital et de son management tient tout d'abord à ce que le service y est individualisé à l'extrême. Très peu d'organisations atteignent ce niveau de granularité, qui tient du reste à la première des deux valeurs fondamentales de l'hôpital : le patient doit être au centre du dispositif. Cette idée, souvent affichée comme un slogan, doit être une culture pour l'ensemble des personnels de cette entreprise particulière, qu'il s'agisse des soignants ou de ceux qui sont chargés de l'administration et de la gestion. La charge humaine et émotionnelle qui sous-tend le service hospitalier complique encore la tâche : il est difficile de travailler dans un univers où, en règle générale, le patient n'entre pas par choix. De plus, l'hôpital concentre beaucoup de risques – risque social lié à la gestion d'une entreprise qui est souvent le plus gros employeur de la commune, complexité d'un fonctionnement qui doit être assuré vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, risques physiques, chimiques, nucléaires et microbiologiques dans un environnement très contraint, le plus souvent en zone urbanisée.

La deuxième valeur fondamentale de l'hôpital est le travail en équipe. Nous devons nous efforcer de l'apprendre à de futurs gestionnaires qui auront souvent affaire à des individualités très fortes – la culture des médecins est par essence individualiste. Pour que l'hôpital fonctionne bien, il faut rompre les étanchéités, tant entre l'administration et les soignants qu'au sein même des services et entre les disciplines – car les soins sont désormais de plus en plus interdisciplinaires et la gestion des personnes ne peut se faire « en silo », sous peine d'inefficience.

La technicité que vous avez évoquée et l'efficience économique doivent être conçues comme dérivées de ces préambules essentiels. L'objectif est de délivrer des soins de la meilleure qualité possible, en mettant toujours le patient au centre des préoccupations, à tous les niveaux de la production du soin – depuis la prise de rendez-vous au standard, où la personne âgée qui répète plusieurs fois la même chose doit trouver en face d'elle une personne qui répond avec humilité et patience à toutes ses questions, jusqu'au retour en ville, où le lien doit être assuré avec le médecin traitant.

Le fait de dispenser des soins de qualité aussi efficaces que possible, conformes à l'état de l'art et aux recommandations scientifiques formulées notamment par la Haute Autorité de santé, ne peut qu'avoir des effets positifs en termes de coût. L'ensemble des outils concourant à la mise en oeuvre d'un système d'information performant et permettant d'éviter les duplications – trop souvent, les patients doivent subir deux fois les mêmes examens – doit avoir pour premier objet le service du patient. La priorité donnée au patient et le travail en équipe ne peuvent qu'être bénéfiques en termes financiers.

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