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Intervention de Jean-Christophe Tellier

Réunion du 20 décembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Jean-Christophe Tellier :

Je pense que la segmentation entre le médical et l'économique est un élément essentiel. Comme le disait M. Christophe Weber, le point de départ est toujours médical. L'un des dangers dans la construction du système futur serait de vouloir trop tôt et trop complètement intriquer l'économique au médical. Selon moi, le point de départ de toute recherche publique biomédicale est de répondre à un besoin médical. La notion de temps est essentielle et le taux d'accrétion est de un pour mille, avec les coûts qui ont été évoqués.

Toutefois le point le plus important reste l'évaluation du médicament. Je prends un exemple : alors que, il y a dix ans, lorsque vous lanciez dans le monde un antihypertenseur, il était testé en gros sur 3 500 patients, nous avons déposé un dossier d'enregistrement sur une nouvelle classe thérapeutique, l'année dernière, avec 12 500 patients. Les exigences de développement se sont donc accrues et son coût devient important.

En outre, même si vous augmentez le nombre de patients et les sous populations sur lesquelles vous testez vos médicaments, notamment en pédiatrie et en gériatrie, vous ne serez jamais dans le contexte réel de prescription. Ce qui manque parfois en France par rapport aux autres pays, c'est une culture épidémiologique, qui fournirait des bases communes accessibles de données de santé publique, sur lesquelles nous pourrions, plus naturellement que nous ne le faisons aujourd'hui, inscrire nos plans de développement post AMM.

On nous demande des plans de gestion de risques, mais cela est relativement peu coordonné : la lisibilité et la clarté des demandes adressées à nos entreprises sur la gestion du risque une fois que nous avons une AMM peuvent être très différentes en fonction de nos interlocuteurs et le manque de coordination crée un délai additionnel. C'est ainsi que nous avons obtenu une AMM européenne, il y a quelque temps, et que nous attendons depuis deux mois la lettre écrite du plan de gestion des risques qui nous permettrait de commencer à travailler sur ce que nous mettrons en oeuvre dans le suivi. Cependant, le problème principal tient au fait que les dépenses sont considérées par enveloppe. Il est très difficile de sortir un médicament de l'enveloppe médicament pur, et de démontrer à la collectivité l'avantage économique ou l'économie réalisée sur la prise en charge globale.

Il nous semblerait intéressant de développer dans l'avenir des réseaux épidémiologiques. Il faudrait pouvoir démontrer, plus qu'aujourd'hui, le gain économique que le médicament apporte dans la prise en charge thérapeutique globale. Si vous prenez, sur les cinquante dernières années, dans le domaine de la pathologie cardiovasculaire, le gain en morbimortalité que les traitements ont apportés, vous constatez que le taux de mortalité a été réduit de 80 % et le taux de morbidité de 50 %. Or vous n'avez aucun moyen de valoriser cela dans le système actuel.

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