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Intervention de Anne Baille

Réunion du 20 décembre 2007 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Anne Baille :

S'agissant des prix, il y a, dans notre environnement économique, quelques mesures qui nous paraissent contreproductives. Je peux vous en citer trois.

La première est la taxe sur les ventes en gros, dont M. Christian Lajoux vous a parlé tout à l'heure et que nous subissons de plein fouet car elle n'est pas déductible.

En effet, nos laboratoires, de manière à développer le marché des médicaments génériques, ont appliqué des techniques de distribution, que nous appelons, dans notre jargon, des « ventes directes ». Celles-ci avaient initialement pour objectif de permettre aux pharmaciens d'avoir un stock suffisant leur permettant de substituer en cas de besoin. Comme il n'est pas possible à un pharmacien de dire à un patient de revenir plus tard pour chercher son médicament générique, on constitue ces stocks par l'intermédiaire de nos visiteurs qui travaillent avec les pharmaciens. Nous avons développé cette stratégie de vente directe, mais, chaque fois que nous développons le marché en utilisant cette tactique, nous payons un peu plus de taxe sur les ventes en gros. Nous sommes taxés exactement comme les grossistes répartiteurs.

La seconde mesure contreproductive est relative aux franchises.

En tant que citoyenne, j'ai mon avis sur les franchises, mais j'ai aussi mon point de vue de chef d'entreprise. Le prix fabricant moyen hors taxe d'un médicament générique est en France de 3 euros ; le prix public est de 5,70 euros. Imaginez ma mère, ma tante ou ma grand-mère : elle paiera 50 centimes pour une boîte qui coûte 5,70 euros ! Et à côté de cela, dans la plupart des départements français, on lui expliquera que, si elle n'accepte pas le générique, elle ne bénéficiera pas du tiers payant. D'un côté, on répète qu'il faut éduquer les patients, qui doivent prendre en charge leur santé, et de l'autre, on leur dit que cela leur coûtera 50 centimes, même s'ils prennent des génériques. Il y a quelque chose à faire, mais je n'ai pas la solution.

Le troisième point sur lequel je souhaite appeler votre attention est celui des grands conditionnements qui est un vrai problème industriel. Certes, le patient ne paiera qu'une fois ces 50 centimes, mais, sur nos séries de produits, nous en sommes à imaginer du conditionnement manuel. Nous faisons les boîtes une par une. Cela n'est pas compatible avec le prix du générique. Résultat : on hésite à entrer sur le marché ; on dit au pharmacien qu'il doit donner des conditionnements industriels, et l'offre générique n'est pas complète. Par rapport à la dynamique que nos autorités semblent vouloir donner à ce marché, c'est une mesure qui ne fonctionne pas.

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